La fausse teigne ou « papillon de la ruche » par Gilles Fert Auteur de « L’élevage des reines » aux Editions Rustica
avec l'aimable autorisation de la revue Abeilles et Fleurs
|
 |
Cauchemar du débutant, les chenilles de fausses teignes ont mauvaise réputation, car elles dévorent tout ce qui se trouve sur leur chemin dans la ruche, même le bois lorsqu’il n’y a plus rien. Rassurez-vous, sous nos climats, elles n’entraînent pas la colonie à sa perte. Seules les colonies les plus faibles cohabitent parfois avec les chenilles de ces papillons nocturnes qui font partie de la famille des mites. Si vos abeilles ont un comportement de nettoyage développé, pas de problème, elles sortiront un à un les intrus. Mais les ruches mortes, les cadres et les hausses stockées à l’atelier peuvent subir de gros dégâts si vous ne prenez pas quelques précautions.
|
 |
Etape n°1 |
On observe deux types de fausses teignes : la petite (Achroea grisella) et la grosse (Galleria mellonella), qui se trouve être la plus fréquente et la plus vorace dans nos ruches.
Le papillon de la première mesure moins de 1 cm alors que celui de la seconde peut aller jusqu’à 2 cm.
Les fils de soie tissés forment une protection contre les abeilles.
Pour se développer, la fausse teigne a besoin d’obscurité, de chaleur et de protéines.
|

|
|
  |
Etape n°2 |
Le pollen stocké dans les cadres ou recueilli dans les trappes constitue la source de protéines pour les chenilles.
Si vous produisez un peu de pollen, pensez à bien le sécher et à le débarrasser des poussières afin d’éviter le développement des chenilles.
La méthode idéale reste la congélation du pollen frais, après l’avoir tamisé pour le dépoussiérer.
|
 |
|
   |
Etape n°3 |
Les chenilles de fausses teignes commencent à se développer à partir de 20 °C, mais sont en pleine activité entre 25 et 35 °C.
Tout développement est stoppé au-dessous de 10 °C.
Par conséquent, si vous ne disposez pas d’abris aérés pour le stockage du matériel une fois les hausses récoltées, replacez-les sur vos ruches après l’extraction.
Retirez-les à la fin octobre pour les redistribuer avant le mois de mai.
Si vous craignez que les abeilles remontent dans la hausse, intercalez un nourrisseur couvre-cadres.
|

|
|
     |
Etape n°5 |
Contraignant mais efficace, le traitement avec la bactérie Bacillus thuringiensis protégera vos cadres stockés.
Ce produit, disponible chez les fournisseurs de matériel apicole, s’applique par pulvérisation méthodique sur chaque face des cadres.
Non toxique, il ne laisse aucun résidu et n’altère pas le miel.
Pensez à faire l’application préventive du Bacillus avant le développement des chenilles car il est plus difficile de l’éliminer une fois qu’elle est installée.
|
 |
|
Astuce
Un autre traitement possible contre la fausse teigne et compatible avec un produit alimentaire comme le miel ou le pollen est le traitement avec le CO2. Les producteurs de miel en section (miel en rayon) ont parfois recourt à ce traitement pendant 4 heures afin de détruire la fausse teigne à tous ses stades, même les œufs.
Le saviez-vous ?
Certains pays comme le Mexique utilisent avec succès la lutte intégrée en effectuant 6 lâchers par an du parasite de la chenille de fausse teigne dans les entrepôts apicoles. La petite guêpe (Trichogramma) parasite directement la fausse teigne en déposant ses œufs dans la chenille. Cependant, des essais en Espagne semblent montrer qu’elle ne s’adapte pas très bien sous nos climats.
Conseil
L’utilisation d’un cérificateur solaire est une bonne pratique tout au long de la saison apicole. Il réglera le problème de stockage des vieux cadres à fondre. Ne recyclez pas en cire gaufrée cette vieille cire de corps. Celle-ci renferme trop souvent des traces de molécules chimiques. Utilisez-la en encaustique ou comme bougies.
Attention
N’utilisez surtout pas les boules à mites pour protéger les hausses stockées ! En effet, la matière active particulièrement toxique paradichlorobenzène (PDCB) est liposoluble, donc capable de migrer dans la cire et le miel.
Pour en savoir plus
The hives and the honey bee, p. 1125-1132, A. Dadant publication 1992
Jeanne F. – « Les papillons parasites des rayons », Bull.Tech. Apic. 25 (3) ,141, 1998
Gilles Fert
Auteur de « L’élevage des reines » aux Editions Rustica