Quoi mettre dans l'enfumoir ? par Gilles Fert Auteur de « L’élevage des reines » aux Editions Rustica
avec l'aimable autorisation de la revue Abeilles et Fleurs
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Depuis toujours, l’homme récolte le miel en utilisant la fumée de végétaux afin de limiter les piqures d’abeilles. Les peintures rupestres représentant les scènes de cueillette de miel montrent déjà l’utilisation de la fumée. Aujourd’hui, l’apiculteur utilise toujours cette fumée qui pique les yeux et irrite la gorge. Ce n’est plus à l’aide d’un enfumoir en poterie certes, mais le principe reste le même. Cette grosse boîte de conserve qui crache trop peu de fumée au début et beaucoup trop lorsqu’on a terminé le travail est devenu le symbole de notre activité. La plus petite manipulation sur une ruche se fait avec l’enfumoir. Ne dit-on pas qu’il vaut mieux avoir oublié son voile que son enfumoir en arrivant au rucher ?
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Etape n°1 |
Il est très fréquent de rencontrer des apiculteurs professionnels qui en début de saison développent des symptômes de maux de gorges allant jusqu’aux saignements, voire plus grave comme des bronchites ou tout autres pathologie respiratoires.
En fin de carrière apicole, plusieurs apiculteurs ont développé des pathologies identiques aux gros fumeurs.
Par conséquent, prenons soin de notre santé en choisissant le combustible le moins agressif.
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Etape n°2 |
Attention aux types de matériaux que vous allez utiliser dans l’enfumoir.
Le carton ondulé par exemple renferme des colles et des encres d’origine synthétiques qui en se consumant peuvent dégager des fumées toxiques.
Certains végétaux ou résidus de végétaux également contiennent des résidus de traitements phytosanitaires qui, en brûlant, dégagent des produits nocifs pour nos poumons.
Les granulés de légumineuses qui contiennent des protéines formeraient en se consumant des matières toxiques pour nos voix respiratoires.
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Etape n°3 |
En plus du bien être de l’apiculteur, cette fumée douce épargne les miels délicats au moment de la récolte.
Certains miels comme l’acacia peuvent fixer l’odeur de la fumée ou retenir des petites particules de cendre dans le cas d’une utilisation abusive.
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Etape n°4 |
L’allumage de l’enfumoir pose souvent un problème aux débutants. La technique du papier journal est la plus souvent adoptée. Mais là aussi attention à ne pas se mettre dans le vent pour ne pas respirer la fumée.
Les encres qui se consument ne sont pas très bonnes pour nos poumons. Pourquoi ne pas adopter la méthode radicale du chalumeau.
Un petit brûleur de bricoleur fait très bien l’affaire. Placez une poignée de combustible dans le corps de l’enfumoir et actionnez le petit chalumeau quelques secondes.
Une poignée d’herbe verte viendra recouvrir le combustible pour qu’il ne bouche pas le goulot de l’enfumoir.
Cette fumée doit être froide pour ne pas altérer les abeilles, donc bien blanche. Dés qu’elle bleuie, rajoutez du combustible.
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Etape n°5 |
Adaptons aussi notre façon d’enfumer. Si la fumée masque les phéromones d’alarme que les ouvrières secrètent pour déclencher la riposte, il ne faut pas pour autant en abuser.
L’excès de fumée peut entrainer la mort de la reine. C’est donc avec parcimonie que l’on enfume légèrement l’entrée de la ruche et que l’on ouvre après avoir attendu quelques secondes que la fumée se répartisse doucement entre les cadres.
Plusieurs tentatives de conception de produits calmants pour les abeilles ont fait leur apparition ces dernières années.
Si ces sprays aux huiles essentielles ou autres mélanges sont parfois efficaces en travaillant une ou deux ruches au comportement peu agressif, ils restent le plus souvent inutilisables pour les récoltes et tout autre manipulation dans les ruchers d’abeilles locales ou de croisements incontrôlés.
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Pour en savoir plus
Jeanne F. 2000. - Conduite des ruches. Bull. Tech. Apic, 27 (1),32
Goillot Ch. 1954. - Action de la fumée sur Apis mellifica. An.Epiphyt., III,159-271
Chauvin R. - Métabolisme. IV. Trait de Biologie de l’abeille, T.1, 242-244
Précaution
Beaucoup d’entre nous maintiennent l’enfumoir entre les genoux pendant le travail sur la ruche. Si cette pratique instinctive facilite les manipulations des cadres par exemple, elle n’est pas sans danger. La fumée remonte vers le visage et vient asphyxier tranquillement l’apiculteur.
Gilles Fert
Auteur de « L’élevage des reines » aux Editions Rustica