Que faire des bourdonneuses ? par Gilles Fert Auteur de « L’élevage des reines » aux Editions Rustica
avec l'aimable autorisation de la revue Abeilles et Fleurs
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Vous observez une proportion exagérée de mâles dans votre colonie la plus faible du rucher : il est probable que la ponte soit celle d’ouvrières, ou d’une reine à la spermathèque vide, produisant alors des œufs non fécondés. De plus, en ouvrant la ruche, un bruit anormal s’en dégage, comme une sorte de bourdonnement prononcé. En y regardant de plus près, vous pourrez avoir la confirmation que votre ruche est bourdonneuse et donc condamnée si vous n’intervenez pas. Plusieurs recettes s’offrent ici à vous en fonction du nombre d’abeilles restantes et de l’époque de l’année. Mais comme toujours avec l’abeille, le 100 % de réussite n’existe pas, surtout avec les bourdonneuses qui sont un casse-tête pour l’apiculteur débutant comme confirmé.
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Etape n°1 |
Le couvain produit par des ouvrières pondeuses est très caractéristique.
Les cellules d’ouvrières sont souvent agrandies pour former un couvain très irrégulier, proéminent et peu abondant. Il ne donnera naissance qu’à des mâles.
Les cellules contiennent souvent plusieurs œufs placés parfois sur le côté des cellules.
Le couvain de mâles produit par une reine « arrhénotoque* » (à la spermathèque vide) est souvent plus compact.(*) Arrhénotoque : relatif à une parthénogenèse, ne produisant que des mâles.
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Etape n°2 |
En période d’essaimage, il est normal et sain qu’une ruche conserve 1 500 à 2 000 mâles.
Le problème des ruches bourdonneuses, lui, survient plutôt en début ou en fin de saison.
Ce sont généralement des colonies qui n’ont pas pu se remérer, suite à des conditions climatiques défavorables ou lorsque la reine vierge n’a pas pu regagner sa colonie au retour du ou des vols de fécondation.
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Etape n°3 |
Si votre colonie contient au moins 50 % d’une population normale en quantité d’abeilles, vous pouvez tenter de la sauver.
Mais rien n’est gagné, surtout lorsqu’il s’agit d’ouvrières pondeuses.
Tout d’abord, secouez tous les cadres à une cinquantaine de mètres : la reine défectueuse ou les ouvrières pondeuses sont censées ne pas pouvoir rentrer à la ruche, alourdies par le développement de leur abdomen.
Replacez tous les cadres sauf un pour laisser un espace au centre.
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Etape n°4 |
Choisissez un cadre de couvain jeune avec des œufs et des larves issus d’une bonne colonie. Placez-le au centre de la ruche.
Certains apiculteurs placent au-dessus des cadres un coton imbibé d’huiles essentielles pour perturber les phéromones.
En fonction de la race ou du croisement que vous utilisez, les abeilles élèvent parfois une nouvelle reine à partir de ce couvain d’ouvrières, si la période s’y prête.
L’abeille noire (Apis mellifera mellifera) est malheureusement la race la plus délicate pour relancer un élevage sur bourdonneuse.
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Le saviez-vous ?
La présence de la reine parmi ses ouvrières inhibe le développement des ovaires de celles-ci. Dès qu’elle est absente ou trop vieille pour sécréter des phéromones, en quelques jours des ouvrières pondeuses démarrent une pseudo-ponte de mâles.
A noter
Ces ruches bourdonneuses sont tout à fait aptes à la fécondation. Pondus par des reines, ils seront assez puissants pour se rendre aux lieux de congrégations, pondus par des ouvrières, ils seront généralement moins développés donc moins performant pendant le ou les vols de fécondation.
Astuce
Les nombreux cadres de pollen (ou « pain d’abeilles ») des colonies bourdonneuses peuvent être stockés afin de nourrir ultérieurement des ruches d’élevage ou d’autres colonies en période de disette. Ces cadres se conservent très bien au congélateur.
Pour en savoir plus
A. Vandervoort : CARI, www.cari.be/medias/abcie_articles/138_elevage-1.pdf
Gilles Fert
Auteur de « L’élevage des reines » aux Editions Rustica