Déplacement des ruches
par Gilles Fert
Auteur de « L’élevage des reines » aux Editions Rustica

avec l'aimable autorisation de la revue
Abeilles et Fleurs

Les ruches dans le jardin vous gênent, ou bien vous souhaitez tenter une deuxième récolte en transhumant sur une autre floraison. Il vous faudra alors prendre quelques précautions pour les déplacer. Cette opération se pratiquait déjà sur le Nil à l’époque des pharaons ou plus près de chez nous, à dos d’âne, pour monter dans les estives pyrénéennes. Quelle que soit la distance, nos abeilles supportent très bien ces déplacements dans la mesure où l’on respecte leur comportement et que l’on limite le stress. Dans bien des régions, pour les apiculteurs professionnels ou pluriactifs, la transhumance est devenue vitale. Rares sont les régions qui offrent aujourd’hui plusieurs miellées en sédentaire. La transhumance permet de produire plus avec la même ruche, de louer les colonies en pollinisation des fruitiers ou toutes autres cultures grainières. Nos abeilles transhumantes assurent la pollinisation des plantes cultivées comme sauvages et contribuent ainsi au maintien de la biodiversité.

Etape n°1

Avant toute manipulation, pensez à enfumer la ruche directement dans l’entrée. Attendez quelques secondes que la fumée agisse et fermez l’entrée de la ruche. L’obstruction peut être faite par un simple grillage agrafé, ou mieux, avec la grille d’entrée réversible. Ce réducteur métallique est retourné côté perforations.

Si le fond de la ruche est équipé d’une aération grillagée, ce qui est fortement conseillé, vous pouvez directement fermer l’entrée à l’aide d’un mousse ou d’un tasseau en bois. Certains utilisent une muselière grillagée qui permet aux abeilles de faire la barbe pour faciliter la ventilation.

Bien entendu, attendez que les dernières butineuses soient rentrées. C’est donc à la tombée de la nuit ou par une journée pluvieuse et fraîche que vous pourrez effectuer ce déplacement.

deplacement ruches 1

Etape n°2

Hors période de miellée, aucune précaution particulière n’est à respecter pour le chargement.

Par contre, si les abeilles récoltent du nectar, il vous faut transporter la ruche bien à l’horizontale sinon ce nectar très fluide, en coulant des cellules, viendra engluer les abeilles et les noiera.

Ces périodes de miellée correspondent souvent aux fortes chaleurs. Par conséquent, soyez très prudent afin d’éviter l’étouffement particulièrement rapide des abeilles.

Elles peuvent survivre plusieurs jours claustrées à condition d’avoir une bonne aération

 

Etape n°3

Dans le cas d’un long déplacement en milieu clos comme une camionnette fermée, n’hésitez pas à remplacer la toiture et le couvre-cadre par un grillage. Une simple moustiquaire en plastique agrafée suffit. Les abeilles peuvent ainsi ventiler et contrôler la température ambiante.

En période sèche, vous pouvez également pulvériser légèrement de l’eau sur ce grillage.

Dans la mesure du possible, ce déplacement se fait la nuit.

En plus des températures plus faibles, l’obscurité limite le stress des abeilles.

Etape n°4

Héritage des ruchers-roulottes d’Europe de l’Est, ces remorques permettent une transhumance sans efforts. En zone de montagne, quelques dizaines de kilomètres permettent parfois de trouver un second printemps en altitude.

Certains pays pratiquent ces déplacements à l’aide de vieux châssis de remorques agricoles sur lesquels sont fixés une quarantaine de ruches. Dans ce cas, la transhumance se fait avec un tracteur.

Le plus souvent, ces transhumances sur plateau se font ruches ouvertes, évitant les risques d’étouffement. Le chargement a lieu à la tombée de la nuit. Le déplacement s’effectue dans la foulée. Certains apiculteurs prudents recouvrent le chargement d’un filet de sécurité qui empêche la sortie des abeilles en cas d’incident.

Notez que les remorques à doubles essieux sont plus confortables pour les abeilles.

Etape n°5

L’apiculture est une profession particulièrement physique. En pleine saison, une ruche avec sa hausse peut peser plus de 40 kg sans la récolte.

De plus en plus d’apiculteurs professionnels, pluriactifs ou amateurs ont recourt à des systèmes de levage.

Ces grues mises au point pour satisfaire les besoins des apiculteurs permettent de transhumer seul un chargement de 40 à 100 ruches.

Il n’y a aucun gain de temps par rapport à un chargement manuel avec deux personnes, mais surtout moins de problèmes de dos.

            Etape n°6

Dans de nombreux pays, les apiculteurs déplacent leurs abeilles pour les protéger. Ils fuient les zones de cultures et les produits phytosanitaires employés pour se rendre dans des zones plus propres. Les monocultures sont, par définition, pauvres en pollen variés, ce qui entraîne des carences chez les abeilles. Sur les grosses exploitations, la palettisation est un équipement très utilisé. Les ruches parcourent parfois plusieurs centaines de km.

Au cours du déplacement, les vibrations amènent les abeilles à former des grappes et à rester sages. Si les ruches sont fortement peuplées, elles forment des grappes à l’extérieur de la ruches ce qui évite l’étouffement. En cas d’incident et d’immobilisation du véhicule, seul l’aspersion du chargement avec de l’eau permet de maîtriser les abeilles. Le matériel et la méthode de travail seront fonction de la quantité de ruches à déplacer ainsi que de la distance à parcourir. Il est préférable de récolter le miel avant tout déplacement. Si la ruche est très peuplée, replacez une hausse vide la veille du déplacement afin que les abeilles la colle avec la propolis.


Pour en savoir plus
Le traité Rustica de l’Apiculture, 2002, (pages 310 à 312.)

Précautions
Pensez à donner un volume suffisant à la colonie
N’oubliez pas les aérations
Utilisez une fumée froide et abondante avant de toucher la ruche
Placez votre numéro d’identification sanitaire dans ce nouvel emplacement

Attention
tout déplacement signifie au moins 5 ou 6 km. Sinon les butineuses retourneront au point de départ.

Gilles Fert
    Auteur de « L’élevage des reines » aux Editions Rustica