Comment éviter le pillage
par Gilles Fert
Auteur de « L’élevage des reines » aux Editions Rustica

avec l'aimable autorisation de la revue
Abeilles et Fleurs

Le terme « pillage » définit le comportement agité et anormal des abeilles opportunistes qui pillent le miel des autres ruches, le nourrissement ou les cadres oubliés. Très fréquent en période de disette, le pillage est bien souvent déclenché suite à de mauvaises pratiques apicoles et des négligences. Il engendre de l’agressivité dans le rucher, et les abeilles deviennent incontrôlables, même en dépit de la fumée. Attention, certaines races d’abeilles sont plus « pillardes » que d’autres. L’extraction du miel doit se faire dans un local parfaitement étanche. La solution : la prévention ?

Etape n°1

Les abeilles pillardes dévalisent des rayons de miel, en déchirant grossièrement les opercules : on repère facilement les ruches attaquées aux déchets de cires tombés devant les entrées.

Les colonies victimes seront en général des colonies faibles, qui pourront en mourir.

Ce type de situation présente un risque sanitaire : si la ruche pillée est atteinte de loque américaine, les pillardes peuvent ensuite répandre la maladie.

Elle est en général de 19 à 27 mm. Si vous disposez de grillage métallique, la moitié du fond de ruche peut en être équipée.

eviter pillage 1

Etape n°2

Les abeilles jaunes, de la race italienne dite ligustica, ont la réputation d’être beaucoup plus pillardes que les abeilles noires comme l’abeille locale mellifera mellifera…

On pourra identifier les colonies qui adoptent un tel comportement : de retour à leur ruche, les abeilles pillardes sont reconnaissables par l’absence de pilosité !

 

Etape n°3

Une erreur de pratique lors du nourrissement peut être le déclencheur du pillage.

Si vous devez nourrir, prenez toujours le maximum de précautions, surtout si le sirop contient du miel.

Choisissez votre moment, de préférence en fin de journée, réduisez les entrées et ne laissez pas tomber la moindre goutte de sirop à l’extérieur des ruches.

Etape n°4

Le pillage volontaire des hausses après l’extraction est une pratique courante, afin d’éviter le développement de la fausse teigne.

Le risque majeur là encore est de véhiculer la loque américaine.

Si vous avez peu de ruches, replacez les hausses sur celles-ci à l’issue de l’extraction.

Une exploitation apicole importante conservera les hausses en chambre froide pour conserver les hausses après l’extraction.

Etape n°5

Au rucher, seule solution pour enrayer un pillage important, par exemple lors d’une récolte de miel : recouvrez les hausses d’un tissu mouillé.

Si la situation devient incontrôlable, fermez toutes les entrées des ruches, puis revenez les ouvrir plus tard, à la nuit tombée.

Attention à l’étouffement si les ruches n’ont pas de fond grillagé.

            Etape n°6

La visite des petites ruchettes ou nuclei de fécondation, si vulnérables en fin de saison, s’avère parfois difficile.

La méthode la plus radicale pour éviter le pillage consiste à se protéger sous une cage de type « moustiquaire » où l’on s’abrite avec la ruchette à visiter.

La protection grillagée à l’entrée de la ruchette donne également de bons résultats.


Astuces
• Un miroir placé devant l’entrée d’une ruche attaquée permet parfois de venir à bout du pillage
• Autre méthode : certains collègues diminuent le pillage en badigeonnant l’entrée d’une ruchette attaquée avec du « Vicks VapoRub » (crème à l’huile essentielle d’eucalyptus).

Conseil
Une colonie victime du pillage se repère facilement par la présence abondante de déchets de cires à l’entrée de la ruche.

Pour en savoir plus
Alphandéry (E.). – « Encyclopédie apicole », pages 923-924, 1948.

Gilles Fert
    Auteur de « L’élevage des reines » aux Editions Rustica