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Les virus dans des ruchers danois présentant des mortalités hivernales anormalement importantes
Lu pour vous par Michel Gilles
Une équipe de chercheurs (Steen Lykke Nielsen, Mogens Nicolaisen et Per Kryger) de l’Université d’Aarus au Danemark a publié en décembre 2007 les résultats d’une étude financée par le programme miel 2004-2007 de la Communauté Européenne et par l’Université d’Aarus.
L’étude a porté sur des échantillons d’abeilles adultes et de couvain fournis par des apiculteurs danois, provenant de ruchers dans lesquels la mortalité hivernale a été anormalement élevée, ou de ruches où la maladie est suspectée.
Voici le résumé de cette étude qui date de février 2001 tiré de Apidologie (Apidologie 32 (2001) 381–394 381 © INRA/DIB-AGIB/EDP Sciences, 2001).
Elle a porté sur les 6 virus
- ABPV : Virus de la paralysie aiguë
- BQV : Virus de la reine noire
- CBPV : Virus de la paralysie chronique
- DWB : Virus des ailes déformées
- KBV : Virus du Cachemire
- SBV : Virus du sacbrood
Elle a montré que sur les 96 ruchers examinés
- 78 (81 %) étaient infectées par le SBV,
- 55 (57 %) étaient infectées par le DWV,
- 11 (11 %) étaient infectées par le ABPV,
- 4 (4 %) étaient infectées par le CBPV,
- 1 (1 %) était infectée par le BQV,
- 1 (1 %) était infectée par le KBV.
Une grande majorité des échantillons présentaient une infection multivirus selon le tableau ci-dessous.
Le même type d’étude menée en France en 2004 (Techkeva et al.) avait montré 97 % de DWV, 86 % de SBV, 86 % de BQCV, 58 % d’ABPV, 28 % de CBPV et 17 % de KBV. Une autre en Allemagne en 2003 (Siede & Büchler) donnait 57 % d’ABPV.
Les résultats danois contrastent donc avec ces résultats français et allemands et avec l’affirmation de Allen & Bail en 1996 que l’ABPV était très répandu en Europe. Ils diffèrent aussi des résultats des études de Brodsgaard & Hansen sur les abeilles danoises en 1996.
Pour les auteurs, la raison de la rareté d’ABPV au Danemark par rapport à 1996 pourrait s’expliquer par l’utilisation des acides organiques pour la prophylaxie anti-varroa. Au cours de cette décade, les abeilles avaient à subir une pression plus importante de varroas. Par conséquent les abeilles sensibles au ABPV ont pu disparaître par sélection naturelle.
Ils expliquent que le CBPV n’a été trouvé que sur une île, sur des Apis mellifera mellifera. D’autre part, lors d’une inspection visuelle de 583 colonies Apis mellifera mellifera ou Apis mellifera ligustica examinées, les symptômes de CBPV n’ont été identifiés que sur Apis mel. mellifera. Cette sous-espèce, indigène en Europe, est devenue rare au Danemark. En France, où Apis mel. mellifera est commune, l’occurrence de CBPV est forte (Tencheva et al. 2004 et Gauthier et al. 2007).