Avec l'aimable autorisation de la revue

Abeilles et Fleurs

atelier 1 

Les travaux du mois : travailler à l'atelier (2003)
Par Jean Riondet

L’automne s’est installé, le froid peu à peu engourdit les colonies, les populations vivent au ralenti. C’est le temps des travaux à la maison, du coup de main au syndicat, des foires au miel et de la lecture.

Au rucher
Les abeilles sont calmes, resserrées les unes contre les autres formant une grappe toujours vivante et mobile. Les abeilles, au plus près du miel, se déplacent lentement du centre de la grappe vers l’extérieur. Elles hivernent, ne dorment pas mais sont engourdies. Toute secousse violente, tout choc brutal disloque la grappe et les abeilles qui tomberaient sur le plateau de sol mourraient de froid.

Dans la ruche la température peut être très basse, en dessous de zéro. La périphérie de la grappe blottie au sommet de la ruche reste aux alentours de 10 °C, en son centre elle atteint les 30 °C. La consommation permanente de miel permet de maintenir la chaleur.

L’entretien du rucher est à faire. Tout un ensemble des travaux est à programmer, on peut désherber près des ruches, nettoyer les ronciers, enlever les arbustes gênants, préparer les supports pour l’année prochaine, redessiner le positionnement des ruches, les déplacer sans heurts, repeindre l’extérieur des ruches.

C’est aussi l’époque privilégiée des plantations. « A la Sainte-Catherine tout prend racine ». Ce dicton nous rappelle que l’hiver n’est pas morte-saison, les arbres et arbustes développent leurs racines.

A l’atelier
L’automne c’est la préparation du matériel pour la saison prochaine. Il faut réaliser le travail un peu fastidieux de décirer les cadres anciens, rongés par la teigne, noircis par leur vieillissement. Pour des raisons de prophylaxie il est conseillé de changer les cadres tous les 5 ans au plus. Alors, n’hésitez pas à fondre tous les vieux cadres. La chaudière à cire qui est l’instrument le plus commode se loue au syndicat ou chez les marchands de matériel. Par prudence, la chaudière qui est chauffée sur un trépied au gaz doit être dans un espace aéré. Trop d’accidents par asphyxie sont arrivés à des apiculteurs qui s’étaient enfermés dans leur atelier.

La vapeur d’eau qui fond la cire désinfecte les cadres. Les fils de fer sont réutilisables, surtout si on avait pris soin de mettre des fils en inox. Bien penser à gratter la tête des cadres avec une pointe pour bien libérer la rainure, la feuille de cire gaufrée n’en sera que plus facilement remise.

Passer tous les corps de ruches, ruchettes, hausses, haussettes à la flamme. L’idéal est d’équiper son chalumeau d’un brûleur plat pour décaper la peinture. On chauffe au point de faire bouillir la cire et la propolis. Avec un racloir et un tournevis à la largeur de la feuillure qui supporte les crémaillères on enlève toutes les surépaisseurs. Le plus facile est de mettre les corps sur le côté, les crémaillères perpendiculaires au sol, posés sur des tréteaux. Cire et propolis coulent sous l’effet de la chaleur. Le feu prend facilement, retirer le chalumeau, souffler sur les flammes pour les éteindre, le bois prend une couleur brune de pain brûlé. La stérilisation des caisses est bonne, les cadres retrouveront leur mobilité.

Ceux qui ont utilisé de la peinture sont condamnés à repeindre leurs corps de préférence à l’atelier. Le froid intense n’est pas toujours favorable à l’étalement et à l’accrochage de la peinture. Je rappelle que les peintures les plus résistantes sont celles à base de pigments d’aluminium. Les peintures microporeuses vont bien, les autres qui forment une couche imperméable ne sont utilisables qu’une fois les ruches habitées depuis un certain temps. L’humidité dégagée par la colonie transperce le bois et fait cloquer la peinture. Les abeilles enduisent de cire et de propolis l’intérieur de la ruche et en quelques années le phénomène n’apparaît plus.

Pour ceux qui utilisèrent le Carbonyle, le seul traitement à faire est de passer les corps à l’huile de lin tous les deux ou trois ans, un peu allongée de white spirit.

Préparer des cadres gaufrés de cire à mâles, ils seront utilisés au printemps pour piéger les varroas. Cirer des cadres de corps en abondance, plusieurs dizaines, on oublie rapidement qu’un bel essaim dans un corps de ruche consomme 10 cadres cirés. Cirer aussi des cadres de hausse, ils vieillissent moins vite car ils ne contiennent que rarement du couvain dont les dépôts protéinés accélèrent l’oxydation de la cire.

Préparez des nuclei pour les élevages de reines. Les plus faciles à fabriquer sont ceux que l’on fait avec des haussettes au format des ruchettes. Le fond est fait d’un simple grillage monté sur un cadre en tasseaux de 15 mm d’épaisseur que l’on cloue sommairement sous la haussette. Lorsque la reine aura été utilisée, ces haussettes orphelines seront réunies avec les ruchettes pour gonfler les populations.

Le syndicat
C’est l’époque des assemblées générales des syndicats, pensez à vous y rendre et à soutenir l’effort des bénévoles qui permettent à l’apiculture d’exister encore. Sans l’effort permanent de ceux-ci, aucune reconnaissance ne serait possible pour un secteur de l’agriculture si peu industrialisé qu’il a de la peine à se faire entendre.

Le syndicat est le lieu d’organisation des cours, de conférences, même si l’on est un apiculteur chevronné, de ces rencontres sortent toujours des échanges fructueux. C’est aussi l’occasion de refaire son information sur les traitements, le groupement sanitaire apicole est le plus souvent lié au syndicat départemental, ils travaillent de concert.

Les foires au miel sont le plus souvent le fruit des travaux du syndicat, y aller c’est rencontrer d’autres apiculteurs, des amoureux de la nature, un public généralement pacifique et bon enfant.

Votre syndicat est adhérent à une union syndicale nationale d’apiculteurs, c’est l’UNAF qui a porté la question des insecticides systémiques devant les tribunaux et personne d’autres. Ni les écoles d’agronomie, ni les administrations, ni les amoureux de la nature n’ont engagé ce combat, ce sont ceux qui en vivent et sont des passionnés de l’apiculture qui ont engagé ces actions de longue haleine. Mais sans l’appui des syndicats de base, l’union nationale ne peut être efficace, sa représentativité est fonction du nombre de ses adhérents à la base.
Alors, pour pouvoir poursuivre votre passion n’hésitez pas à adhérer et à faire adhérer les apiculteurs de votre connaissance.

Des cadeaux

Enfin Noël approche, c’est le temps des cadeaux pour petits et grands. Pour ceux qui aiment lire, regarder des vidéos, jouer sur Internet, l’offre même en apiculture est abondante. Livres, DVD, cassettes vidéo, CD-Rom, diapositives, sont présents sur tous les sites apicoles.

Je viens de commander sur Internet et de recevoir quelques jours après le merveilleux ouvrage en français de James L. et Carol Grant Gould « Les abeilles », diffusion Belin. Difficile à se procurer, il date de 1993 et les bibliographies récentes ne le mentionnent qu’en anglais.

Ce chercheur et sa femme photographe ont fait une très belle présentation des connaissances actuelles sur l’abeille. Partis d’une contestation des travaux du prix Nobel Karl von Frisch sur le langage des abeilles, les chercheurs du laboratoire de son université ont montré que les interprétations de ce savant débordaient ce que ses expériences permettaient. Mais ils ont confirmé que la danse des abeilles était bien un des langages des abeilles et qu’il existait d’autres modes d’échanges d’information dont ils ont exploré l’étendue. Les photos et les schémas sont étonnants, le texte est passionnant.

Faire

  • Programmer le nettoyage du rucher
  • Prévoir les nouveaux emplacements
  • Déplacer les ruches
  • Se former
  • Suivre les foires au miel

Ne pas faire

  • Nourrir au sirop.
  • Ouvrir les ruches et visiter les colonies

Jean Riondet
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Jean Riondet est l’auteur de « Un rucher dans mon jardin », CD-Rom avec photos en vente à l’UNAF