analyse pollinique 1

Les Pollinoses (2001)

Par J. Huberson
Agent sanitaire & Apiculteur
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Introduction
Comme aurait pu le dire ESOPE le fabuliste grec du 7ème siècle avant Jésus Christ le pollen peut être la pire ou la meilleure des choses. Heureusement les pollens dont il est question ici ne sont que peu ou pas récoltés par l’Abeille. Néanmoins dans certains cas le pollen en suspension dans l’air peut provoquer des troubles chez l’Homme.

On appelle pollinoses les affections essentiellement respiratoires provoquées par les pollens présents dans l’air que nous respirons. La connaissance de cette affection paraît très ancienne, ainsi au Vème siècle avant Jésus-Christ, Hippocrate écrivait : « Toutes les maladies surviennent dans toutes les saisons ; néanmoins certaines naissent ou s’exaspèrent plutôt dans certaines saisons. En effet, au printemps les coryzas, les enrouements, les toux en grand nombre surviennent... » A la Renaissance, de nombreux auteurs suspectèrent le rôle de certains végétaux et Leonardo BOTAL au XVIème siècle suggéra sans doute à tort le rôle nocif du parfum des roses. En 1819 John Bostock pressentit le rôle joué par les graminées tandis que John Mac Culoch en 1828 créa le terme de « rhume des foins ».

C’est toutefois Charles Blackley qui le premier étudia le rôle étiologique d’un grand nombre de pollens et réalisa des comptes polliniques dans l’atmosphère par une méthode gravimétrique. Il mit également en évidence la corrélation entre quantité de grains de pollens présents dans l’atmosphère et symptômes cliniques et réalisa des tests cutanés.... En 1911 J.Freeman appliquait à la pollinose la technique de désensibilisation décrite la même année par L. Noon.

Le rôle des Ecosystème
Un écosystème est un ensemble d’éléments vivants et non vivants en interaction plus ou moins équilibrée. Un exemple est la forêt où tous les éléments minéraux et organiques sont réutilisés sur place, sa grande complexité est associée à une remarquable stabilité.

Autre exemple, la prairie qui, elle, résulte de l’action de l’homme. Elle est couverte d’un seul groupe d’espèces, les graminées. Abandonnée, elle laisse place en quelques années à des fruitiers sauvages puis finalement de nouveau à la forêt.

Adaptation des plantes et pollinoses
On sait que la fonction sexuelle des plantes est assurée par la diffusion des pollens, éléments mâles de la reproduction. Or on remarque que les principales plantes responsables d’allergie soit ne possèdent pas de pétales (graminées, pariétaire, oseille, chénopode, armoise) ou bien elles en ont de petites dimensions, discrets (tilleul, platane, plantain).

Certains arbres ou arbustes à fleurs mâles groupées en chatons très mobiles montrent aussi une activité tels le noisetier et le bouleau. Ils libèrent de grosses quantités de pollens. Les autres plantes à corolle éclatante ne sont généralement pas responsables d’allergies sauf en cas de très fortes concentrations (cas des crucifères : champs de colza....).

L’Homme pour son agrément a apporté nombre d’arbres : cyprès, platanes, troènes, mûriers, bouleaux, érables. Par ailleurs, son intervention favorise les graminées et ...les mauvaises herbes qui toutes deux contribuent à augmenter la densité pollinique ambiante.

Les villes modernes ont à cet égard la particularité d’avoir des pollens allergisants en grand nombre car les larges surfaces bétonnées ne les fixent pas et permettent leur recirculation. (Prof. Touraine). Le Professeur Halpern pense d’autre part que l’action irritante de la pollution chimique joue un rôle dans la sensibilisation des sujets.

Les principaux pollens responsables

  • Les graminées de la prairie. Les prairies produisent chaque année de grosses quantité de foin et par là de nombreux pollens. Ceux-ci représentent plus de 60% des pollens atmosphériques. C’est la grande cause des rhinites, conjonctivites et asthme pollinique.
  • Les plantains poussent sur les sols secs piétinés. On les trouve dans les endroits incultes, les allées de jardin.
  • La petite oseille, elle, ne se développe que dans les terrains acides. Elle pousse surtout sur les pelouses et les prairies mal entretenues.
  • Le platane originaire d’Orient et d’Amérique est un arbre à croissance rapide. Contrairement à nos arbres indigènes ce n’est pas une essence forestière. Il produit des pollens abondants.
  • Le noisetier est très répandu. Il nécessite beaucoup de lumière. Sa floraison a lieu tôt en février ou mars. Son pollen très abondant est emporté sous forme d’un nuage ressemblant à du soufre fleur.
  • Le bouleau et l’érable sont responsables de certaines allergies précoces.
  • Enfin les oléacées : Frêne, troène, olivier.

Cas particulier des mauvaises herbes
Les villes nouvelles voient pendant plusieurs années coexister chemins provisoires et terrains vagues avec l’habitat humain. Des plantes herbacées « pionnières » vont coloniser ces terrains bouleversés. Elles sont responsables d’allergies de l’été et de l’automne.

Ce sont essentiellement :

  • Le Chénopode ou épinard sauvage. Il pousse sur les sols riches en nitrates.
  • L’Amarante ou Célonie à panache, plante résistante à la sécheresse.
  • Les Armoises. Elles poussent sur les décharges, les talus sur sols argileux ou limoneux.
  • Les Ambroisies originaires d’Amérique du Nord. Elles se rencontrent dans les endroits incultes.
  • Les Pariétaires, responsables dans le sud de la France d’allergies souvent sévères. Très vivaces elles se développent en terrain calcaire.

En Conclusion
Les maladies allergiques qui affectent une partie importante de la population paraissent résulter d’un grand nombre de causes liées à un certain déséquilibre écologique provenant très souvent de l’activité humaine. On peut citer les plantations en grand nombre d’arbres d’ornement (platanes, troènes, cyprès, marronniers) trop près de l’habitat humain ainsi que la prolifération des mauvaises herbes (chénopodiacées, ambrosiacées etc...) sur des terrains non entretenus ou plus entretenus.

L’action des responsables de l’Urbanisme pourrait s’avérer efficace en recherchant de meilleures essences à planter près de l’habitat humain.

Par ailleurs certains auteurs pensent que le développement des allergies peut être la rançon de l’hygiène de l’homme moderne qui vit dans un milieu de plus en plus aseptisé, il deviendrait ainsi de plus en plus sensible aux agressions.