Par Gilles Ratia
Quelques recommandations
Pour les premières visites de ruches de la part d'un débutant, toujours se faire accompagner d'une personne expérimentée qui sera capable de juger le seuil d'agitation d'abeilles à ne pas dépasser :
- certaines colonies d'abeilles ont tendance à piquer moins que d'autres. Un apiculteur qui inspecte fréquemment ses ruches peut facilement dire lesquelles sont les meilleures en rendement et surtout lesquelles sont les plus dociles. Il peut agir simplement par sélection massale en éliminant les souches de colonies les plus méchantes (par remérage) et en multipliant les plus dociles (par division) ;
- toujours employer un enfumoir pour visiter les colonies ;
- s'assurer d'avoir assez de combustible pour la durée des opérations. Pour les grands ruchers, par précaution, avoir un deuxième enfumoir de secours allumé et plein ;
- ne pas mettre de matières synthétiques dans l'enfumoir ;
- veiller à employer une fumée froide, au besoin mettre une touffe d'herbe verte (si disponible) sur le combustible avant la sortie de l'enfumoir ;
- toujours porter des vêtements de protection de couleur claire, bien ajustés et hermétiques aux insectes ;
- ne pas utiliser de tissus qui pourraient accrocher les pattes des abeilles (exemple : laine) ;
- veiller à ce que le voile ne touche ni les oreilles ni le bout du nez ;
- avant d'ouvrir la première ruche, s'assurer que les spectateurs éventuels sont à une distance convenable et hors "couloirs à butineuses" ;
- s'assurer aussi qu'aucun animal ne soit entravé (licol, laisse, etc.) à proximité du rucher à visiter ;
- éviter d'employer des savons, lotions corporelles ou shampooings à odeur forte et tenace ;
- ne pas mettre les ruches sur des supports collectifs ;
- ne pas passer ni rester devant le trou de vol ;
- ne pas visiter en période de temps "lourd", d'orages ;
- commencer par visiter les plus douces et finir par les plus agressives ;
- avec certaines races d'abeilles très agressives ("l'africanisée" d'Amérique, "l'andansonii" ou "l'intermissa" d'Afrique, par exemple), être au minimum à deux personnes lors des visites : une pour enfumer, une autre pour manipuler. Le faire, dans la mesure du possible, entre la fin d'après-midi et la tombée du jour. Si les abeilles rentrent en furie, elles ont le temps de se calmer durant la nuit. D'autre part, la fraîcheur du soir les incline à répondre moins violemment. Quant aux abeilles des pays tempérés, c'est tout le contraire : il vaut mieux visiter quand les abeilles sont en pleine activité (ainsi un maximum de butineuses - les plus agressives - sont aux champs) ;
- ne pas donner de coups brusques sur et dans les ruches ;
- rester calme, sortir les cadres sans brusquerie, les remettre sans écraser les abeilles ;
- pour un grand rucher, changer de côté de temps en temps pour laisser retomber l'effervescence de l'endroit où vous venez de travailler ;
- pas de bouts de rayons de miel laissés par terre qui risqueraient de déclencher un pillage ;
- ne pas placer les ruchers trop à l'ombre ;
- certaines races d'abeilles inspectées régulièrement peuvent devenir plus douces. Attention, pour d'autres races, cela peut être exactement le contraire ;
- éviter de faire couler du nectar fraîchement récolté depuis le rayon manipulé, par terre ou sur le reste des cadres en place ;
- éviter les manipulations longues en période de disette ;
- si vous pensez avoir perdu le contrôle des opérations dans le rucher, refermer la (ou les) ruches ouverte(s) et s'éloigner calmement sans faire de grands gestes. Ne pas retourner à la maison (ou au véhicule) directement mais en faisant un grand cercle tout en se frottant à la végétation pour se débarrasser des suiveuses. Revenir au rucher qu'après un jour ou deux ;
- en toute circonstance, tâcher de rester confiant et calme (éviter à tout prix de "mouliner" avec les bras) . La peur se traduit par des effluves d'adrénaline qui irritent encore plus les abeilles ;
- en cas de piqûre, enlever le dard avec le décolle-cadre ou l'ongle. Il ne faut surtout pas le retirer en le pinçant avec deux doigts, ce qui aurait pour résultat de finir de vider la poche à venin toujours accrochée à l'aiguillon ;
- enfumer copieusement la région piquée afin de masquer l'odeur du venin qui exciterait d'autres gardiennes à piquer.
Avertissement sur les réactions aux piqûres d'abeille
Réactions normales :
- douleur ;
- bouton rouge ;
- gonflement localisé ;
- partie chaude ;
- prurit (démangeaisons).
- Un apiculteur immunisé n'aura plus de réactions. Seule la douleur subsiste.
Les personnes ayant une ou plusieurs des réactions ci-dessous doivent subir, à l'hôpital, un programme de désensibilisation.
Réaction d'hypersensibilité
- oedème de Quincke ;
- difficultés respiratoires ;
- vomissement ;
- diarrhée ;
- toux ;
- crise d'asthme.
Réactions sévères (choc anaphylactique)
- malaise ;
- frissons importants ;
- sueur profuse ;
- agitation ;
- confusion ;
- métrorragies ;
- rhinorrhée ;
- perte de connaissance => coma => collapsus cardio-vasculaire aigu => mort.
Le dernier cas est très rare, néanmoins pour le prévenir, voici les mesures d'urgence
- allonger la personne à l'ombre ;
- injection sous-cutanée d'une demie ou d'une ampoule d'adrénaline au 1/1000 ANAH HELP, pré remplie, quels que soient l'âge et le poids, sauf contre-indication rarissime due à l'état cardio-vasculaire ;
- injection intramusculaire d'un anti-histaminique ;
- injection intraveineuse secondaire d'hydrocortisone ; la quantité d'hydrocortisone et la vitesse d'administration seront conditionnées par l'âge, le poids, les tares éventuelles : en moyenne, de 100 mg chez le nourrisson à 1000 mg dans la première heure chez un adulte (délais d'action de plus de 2 h).
Gilles Ratia
PS : chaque année, en France, environ quinze personnes succombent des suites de piqûres d’hyménoptères – abeilles, guêpes ou frelons. En quinze ans (2000-2015), ce sont pas moins de 237 décès liés à ces insectes qui ont été recensés.
Nombre de décès en France en fonction du genre entre 2000 et 2015
Les hommes représentent à eux seuls 76 % des cas de décès en lien avec les hyménoptères. La raison est peut-être davantage sociologique que biologique. Les hommes semblent tout simplement plus exposés au risque, de par leur plus forte représentation dans certains corps de métiers (pompiers, apiculteurs…).
Autre indicateur sur le profil des victimes : l’âge. La grande majorité d’entre elles – 212 décès sur un total de 237 – ont plus de 45 ans. Ce facteur peut s’expliquer par les antécédents médicaux et les problèmes de santé qui augmentent inexorablement avec les années. « Lors d’une réaction allergique grave, vous pouvez avoir une baisse de tension importante. Si la victime a déjà des problèmes cardiaques comme une artère coronaire un peu bouchée, une tension qui chute brutalement à 6 pourrait être fatale », explique le docteur Stéphane Guez, responsable de l’unité des maladies allergiques du CHU de Bordeaux.