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feu vert 2007 1Et l’allée abandonne aux dernières abeilles les restes de l’été
qui traînent sur les fleurs !

Feu vert 2007
Par F. Anchling

Dans la littérature apicole, il est courant de lire qu'octobre est un mois charnière. Cette expression qui peut paraître désuète à force d'être employée décrit pourtant avec beaucoup de réalisme ce que nos colonies et nous-mêmes allons vivre tout au long de ce mois.

En septembre avec la floraison des évodias et des sophoras en plaine ou les miellées de sapin en montagne, l'été a joué les prolongations. Charnière… car depuis le 22 septembre, jour d'équinoxe et début de l'automne, la nuit devient plus longue que le jour : lente progression que rien n’arrête jusqu’en décembre. Puis dès le 1er octobre nous reviendrons à l'heure d'hiver. Ce changement va bouleverser nos biorythmes et nous rappeler sans cesse que la saison apicole est bien terminée.

Les floraisons tardives et les feuillages qui s'enflamment composent des tableaux saisissants évoluant au moindre changement de la météo. La nature nous tire ainsi sa révérence avec panache et générosité puis tout doucement s’installe dans une phase de repos. Peut-être aurons-nous encore la chance d'un "bel été indien" avec ses journées ensoleillées et ses nuits fraîches ?

C'est aussi un mois charnière pour nos colonies, le premier mois de l'année apicole prochaine, avec l'apparition d'abeilles biologiquement différentes qui devront assurer la survie de l'espèce pendant la longue période hivernale. On a coutume de considérer octobre comme la clé de la saison d'hiver, bien qu'au niveau de la colonie, le processus conduisant à l'hivernage se soit mis en action dès après le solstice d'été, fin juin. Cela se traduit par une diminution très lente de la surface du couvain après plusieurs mois d'expansion continue. En octobre, la disparition rapide des abeilles d'été réduit très vite et de façon visible l'activité au trou de vol. Quelques belles journées chaudes et ensoleillées peuvent encore faire illusion, mais bientôt les nuits froides, le brouillard, le vent, la pluie et les premières gelées nous rappelleront que l'hiver s’annonce. Nos abeilles savent parfaitement s'adapter à ces variations et ceci d'autant mieux qu'elles disposeront de provisions abondantes.

Ce sera alors toujours un plaisir de les regarder se prélasser au soleil sur la planche d'envol par un bel après-midi. Quelques-unes ramèneront même du pollen. Si la température chute, alors tout semble mort et abandonné.

Préparer l'hivernage de nos colonies
Un bon hivernage conditionne les premières récoltes. Conserver ses colonies jusqu'au terme de l'hiver est un objectif premier. Mais l'hivernage représente bien plus. Il doit assurer le meilleur développement possible des colonies dès le début du printemps suivant. Ce sont les populations les plus fortes au bon moment qui naturellement produiront le plus de miel. Les récoltes de printemps sont les plus riches de l'année, car les plus variées en essences florales diverses : saules, arbres fruitiers, colza, pissenlits, etc.... mais aussi quelquefois les plus courtes car les caprices du temps (comme nous l'avons connu cette année) peuvent priver de sortie des butineuses avides de nectar pendant de longues périodes. Avoir de très nombreux jabots capables d'en ramasser le maximum au bon moment et dans un temps très court est une priorité pour l'apiculteur. Plus la colonie est forte, plus nombreuses seront les butineuses, plus le miel stocké sera abondant. Et au risque de se répéter, un bon hivernage conditionne les premières récoltes. C'est un aspect essentiel de la conduite à tenir pour aider nos colonies.

L'hivernage de l'abeille mellifère est un phénomène assez rare dans la famille des apoïdes. Seules les espèces du genre Apis adoptent ce comportement. Les abeilles solitaires survivent à l'hiver à l'état de larves ou de nymphes bien à l'abri dans la cellule où elles accomplissent leur mue et leur développement. Même les colonies de guêpes ou de bourdons disparaissent en hiver et seules les reines fécondées survivent, pour réapparaître au printemps suivant. L'abeille mellifère au contraire présente la particularité de survivre à l'hiver sous forme de colonies regroupant la reine entourée de quelques milliers d'ouvrières réunies sous la forme d'une grappe. L'hivernage représente simplement une des phases critiques du cycle biologique annuel, soigneusement préparé par la colonie. Il est donc essentiel que l'apiculteur ne contrarie ce cycle d'aucune façon, mais que bien au contraire il l'accompagne et le favorise.

Les atouts d'un bon hivernage

Après la récolte, un nourrissement abondant a été donné aux colonies, en octobre il doit de toute façon être terminé car les abeilles auraient alors beaucoup de difficultés à le stocker. Le traitement anti varroas a été réalisé selon les instructions des services sanitaires. Il n'y a pratiquement, sauf incident, plus lieu d'intervenir dans les ruches. Nos abeilles commencent tout doucement à se regrouper en grappe pour vivre au ralenti et économiser les provisions d'hiver. Les abeilles d'hiver naissent en fin d'été et jusqu'en novembre. Elles s'alimentent à partir des réserves de miel et pollen stockés pendant la belle saison.

Ce sont elles qui vont assurer la pérennité de la colonie jusqu'à la fin de la saison hivernale. Ces abeilles d'hiver sont physiologiquement différentes des abeilles de printemps ou d'été. Elles possèdent des corps gras très développés, ce sont des amas de petites boules situés dans la tête et surtout dans l'abdomen. Ces réserves de lipides sont une source d'énergie. Il est évident que les abeilles d'hiver doivent être vigoureuses et saines pour atteindre le prochain printemps. A la sortie de l'hiver elles deviendront alors nourrices puis butineuses pour fournir les premières générations d'abeilles de printemps. Il faut à tout prix éviter de leur donner du travail de sorte à économiser leurs forces.

Comment les abeilles se préparent-elles ?

En fin de saison, l'importance des provisions et leur positionnement dans la ruche déterminent la place et le volume du nid à couvain. La colonie hiverne normalement à l'emplacement du dernier couvain de l'année, sur des rayons vides, afin de pouvoir former la grappe d'hivernage dans des conditions optimales, dont elle appréhende à merveille les caractéristiques. En hiver, le microclimat de la ruche s'établit de façon passive c'est-à-dire sans intervention des abeilles qui se limitent à entretenir une thermo régulation à l'intérieur de la grappe. Pendant la période hivernale, il est fréquent que la température soit négative dans la ruche sans aucune répercussion néfaste pour la grappe. La colonie se positionne finalement là où elle sera le plus confortablement installé, en fonction de son environnement immédiat et du régime hivernal auquel elle doit survivre, ce que ses gènes ont mémorisés au cours des siècles. Dans ce but, la colonie recherche une aération suffisante mais non excessive, des déperditions thermiques réduites (chaque source de courant d'air sera immédiatement calfeutrée avec de la propolis) et la proximité des provisions qui lui permettront d'entretenir la chaleur nécessaire à la survie de la grappe. D'une manière générale, dans nos régions les abeilles hivernent à proximité immédiate du trou de vol, en avant du corps de ruche.

Les langes placés sous le plancher grillagé permettent de vérifier l'avancement de ces préparatifs lorsqu'on observe les rangs de déchets. C'est une possibilité d'observation rapide, instructive qui ne dérange nullement la quiétude méritée et nécessaire à nos protégées.

L'on peut également suivre la préparation de l'emplacement d'hivernage si les ruches sont équipées d'un plateau de couverture transparent. (soit verre, soit plastique).

Quel est alors le rôle de l'apiculteur ?
Pendant cette première période de préparation à l'hivernage, le rôle de l'apiculteur se limite à épauler ses colonies de façon à optimiser les moyens qu'elles se donnent pour préparer leur survie et leur chemin vers l'année prochaine. Il fera en sorte de leur offrir :

Un environnement calme et protégé.

L'emplacement choisi pour l'hivernage des ruches devrait être sec et protégé des vents dominants ainsi que des bises glaciales venant de l'est ou du nord. Ce n'est pas toujours évident mais il est possible de procéder à des aménagements (haies brise vent, filets de protection), nous en reparlerons en novembre. Le nettoyage du terrain est impératif autour des ruches. Il faudra tondre une dernière fois l'herbe, couper les ronces et les rejets gênants, élaguer tout ce qui pourrait provoquer des chocs ou des frôlements. Il faut aussi éviter que de l'air humide stagne et enlever tout ce qui pourrait favoriser son apparition. L'environnement du rucher doit donc être aussi favorable que possible afin de ne pas perturber la grappe hivernale. Il faut rappeler que tout dérangement (choc- vibration) provoque une réaction d'affolement de la colonie dont les abeilles se gavent aussitôt de nourriture, entraînant un remplissage de leur ampoule rectale. Si une longue période de claustration s'oppose à un vol de propreté, ne pouvant plus se retenir, elles se soulageront à même la ruche et souilleront l'intérieur avec les risques de maladies qui en résultent.

Une bonne protection contre les intempéries. Le froid de l'hiver n'est pas néfaste pour nos abeilles à condition que la colonie dispose en abondance de quoi se chauffer. Dès qu'il n'y a plus de couvain à entretenir et que la grappe est bien formée, elles laisseront chuter la température intérieure de 37 à 25 degrés. Elles ne bougeront presque plus, agglutinées au cœur de la ruche, laissant de temps à autre leur place chaude à l'intérieur du groupe, à leurs amies massées en périphérie.

Par contre elles craignent l'humidité et nous devons veiller à les en protéger. Les ruches doivent être en bon état, sans infiltration d'eau ni courant d'air. Les toits et couvre-cadres non étanches, les fissures, les planchers pourris et tout ce qui pourrait laisser entrer une vermine, le froid et surtout l'humidité devront être réparés avant la mise en hivernage. Nous veillerons à isoler les ruches du sol en ménageant un vide de 30 à 40 cm entre le sol et le plateau. Si vos ruches ne sont pas équipées de plateau grillagé, il est recommandé de les pencher légèrement vers l'avant, pour faciliter l'écoulement des eaux de condensation. De plus dans la mesure du possible, il est bénéfique de les orienter au sud, sud-est. Les tempêtes d'automne et d'hiver sont bien connues. Dans tout rucher exposé, les toits seront fortement arrimés et même les ruches devront être ancrées au sol d'une manière solide.

Une bonne protection contre les prédateurs et ils sont très nombreux : L'apiculteur n'est pas le seul consommateur de miel. De nombreux animaux sont de fins gourmets et ne résistent pas au plaisir de goûter au miel de l'apiculteur quand ce n'est pas aux abeilles et même au couvain. L'ours Bruno qui venait de Slovénie a défrayé la chronique, ce printemps, en détruisant de nombreux ruchers en Bavière et en laissant derrière lui des dégâts spectaculaires. Dans la même région, les ratons laveurs sont responsables de dégâts très importants dans les ruchers chaque hiver. Doués d'une intelligence rare, ils sont capables d'ouvrir une ruche et de la déshabiller. En cas de résistance, leurs griffes puissantes arrachent les protections du trou de vol, s'engagent dans la ruche et font éclater la paroi avant créant un espace suffisant pour accéder aux friandises désirées.

Heureusement ces animaux ne sont pas encore chez nous. Néanmoins suffisamment de prédateurs apprécient nos ruchers et leur nombre devient de plus en plus important grâce aux protections officielles dont ils jouissent.

Dès que la température s'abaisse, les gardiennes ne sont plus aussi vigilantes et bien souvent délaissent la surveillance au trou de vol. Il faut alors sans délai rétrécir les entrées à 7 mm de hauteur, ou poser les portes d'entrée à arcades pour éviter l'intrusion de prédateurs indésirables et ils sont nombreux : mulots, loirs, souris, musaraignes, guêpes, frelons, etc.... Chassés des champs par les travaux agricoles, ils trouvent auprès des ruches le logis et le couvert. Leur présence va de la simple gêne pour le repos hivernal de nos protégées aux dégâts les plus spectaculaires. La musaraigne est notamment à redouter : son museau est très pointu, elle est insectivore. Les galeries qu'elle aménage à travers les cadres permettent de prélever les abeilles engourdies sur l'extérieur de la grappe. Elle a bon appétit et mange souvent (toutes les trois heures). De plus, elle souille l'espace de son urine. Lorsqu'on la découvre elle a eu le temps de provoquer un véritable désastre. Seule parade efficace, poser les entrées métalliques à arcades. La chasse à tous ces hôtes indésirables est une priorité, même s'ils ne s'intéressent pas particulièrement aux abeilles.

Les guêpes : elles ne constituent pas seulement une plaie pour les arboriculteurs et le public mais elles représentent une gêne importante qui menace la survie des jeunes colonies. En cette fin d'été, leur cible préférée est le nuclei dont les abeilles se défendent mollement. Quand elles sont débordées, ces colonies ne perdent pas seulement leur miel, mais aussi les larves et les abeilles qui constituent les besoins en protéines des guêpes et des frelons. Ailleurs quand les températures sont encore fraîches, les abeilles sont peu actives pour défendre les trous de vol et les guêpes en profitent pour se glisser à l'intérieur de la ruche ; elles montent jusqu'au trou de nourrissement afin de subtiliser le sirop. En automne les guêpes sont très affairées autour des colonies, il est donc indispensable de détruire tous les nids que l'on pourrait découvrir et d'entourer les ruches de pièges faits de bouteilles à moitié remplies de sirop avec le goulot renversé pour les capturer. De même pour les frelons qui viennent chercher les abeilles jusque sur la planche d'envol, des pièges faits de bouteilles à moitié remplies de sirop avec le goulot renversé permettront d'en capturer quelques-uns.

Il faut aussi se méfier des mésanges et des piverts, surtout si le rucher est situé en bordure de forêt. Les mésanges frappent un toc toc sur la planche d'envol avec leur bec et gobent au fur et à mesure de son arrivée, chaque petite abeille curieuse qui veut contrôler l'origine du bruit. Quant au pivert, son bec puissant de 5 cm de long a tôt fait de percer les 25 mm de sapin des côtés des ruches pour chercher au cœur de celle-ci une nourriture si rare en hiver. De plus, il découvre immédiatement l'endroit où le bois est le plus tendre.

Il existe 2 sortes de pics : le pic épeiche qui se nourrit de nombreux insectes et le pivert spécialiste des fourmis. Ces deux pics se sont transformés en chasseur d'abeilles et les dégâts commis par ces deux prédateurs sont de plus en plus fréquents et de plus en plus importants. Ils ont appris que l'on pouvait survivre à des hivers froids avec beaucoup de neige, quand on trouve les bonnes sources de nourriture, quand on inclut les ruches dans son parcours de subsistance, lorsqu'il est fastidieux de chercher des insectes dans les trous du bois mort ou les nids de fourmis recouverts de neige. Avec toutes ces ruches réparties dans la nature, les pics ont la possibilité d'atteindre une nourriture riche en frappant la ruche de tous côtés, de préférence où le bois est le moins épais : les creux des poignées de transport.

Le pic détecte et perçoit les plus petits mouvements des insectes dans le bois. Il n'est ainsi pas étonnant qu'il devine et découvre une proie dans le bruissement continu de la grappe et qu'il essaie de s'approprier cette source de nourriture. Le pivert spécialiste des fourmis, avec un bec de 5 cm de long peut percer très rapidement les côtés d'une ruche, déchirer les cadres et se frayer un chemin à travers toute la caisse. On a l'impression que l'animal jouit quand les éclats volent en tous sens alors qu'un petit trou serait suffisant pour atteindre sa nourriture. L'on a aussi constaté que lorsque plusieurs caisses sont posées l'une à côté de l'autre, le pivert a percé dans chacune plusieurs petits trous. Il peut pratiquement « traire » les colonies selon sa faim.

Quand le pivert a appris à chercher sa nourriture dans les ruches il ne l'oublie plus, bien au contraire, il passe l'info autour de lui. Et c'est effectivement vrai. Dans mon rucher en l'an 2000, deux piverts tournaient autour des ruches, en 2002 ils étaient quatre, aujourd'hui ils sont huit et tout l'été ils étaient en observation dans les arbres fruitiers. Aïe, aïe que sera l'hiver, car il s'agit d'une espèce protégée !

Alors comment défendre nos protégées ?

L’oiseau est extrêmement malin et sait voir ce qu'il y a derrière une protection :

  • enfiler la ruche dans un sac plastique ne sert à rien ;
  • emballer la ruche dans des plaques de polystyrène ne sert à rien non plus ;
  • accrocher de vieux CD autour de la ruche ne l'effraie pas.

L'on peut tendre un filet à oiseaux au dessus des ruches en s'écartant largement. Au sol, il est nécessaire de bloquer le filet avec des planches car s'il existe une possibilité de passage l'oiseau rampe et passe sous le filet. Le filet est naturellement fragile et doit être surveillé car d'autres animaux qui ne s'intéressent pas aux abeilles peuvent l'endommager.

Pour les petits ruchers, l'on peut protéger les ruches avec un grillage à lapins sur le devant, tout en respectant une bonne marge de sécurité, recouvert d'une bâche qui descend à l'arrière jusqu'au sol. La bâche étant opaque, l'oiseau se méfie car ne voyant pas ce qui est derrière (chat ou martre), il n'attaque pas la ruche. En règle générale la ruche doit être protégée avec une marge de sécurité et faire en sorte que l'oiseau soit inquiet ne voyant pas ce qui peut se cacher derrière la protection opaque.

Il serait intéressant que des lecteurs qui ont une expérience dans la lutte contre les prédateurs fassent part de leurs solutions. Nos colonnes sont ouvertes.

Des populations fortes et nombreuses

Sous nos climats au nord de la Loire, des peuples faibles ne survivent à l'hiver que très rarement ; la rotation des abeilles dans une petite grappe est plus fréquente, c'est donc une source d'épuisement qui réduit leur capacité de résistance aux agressions de toutes sortes, sans parler de leur longévité qui diminue également. Un hiver rude et surtout long en aura raison. Un hiver doux verra bien quelques abeilles arriver au seuil du printemps, mais l'élevage du premier couvain aura raison des forces de ces dernières butineuses et le démarrage de la colonie ne se fera que lentement et tardivement. L'on risque ainsi de traîner des colonies qui ne se renforceront jamais et ne donneront aucune récolte. Ce ne seront que de charmantes bêtes de compagnie, idéales pour les démonstrations en tous genres mais totalement improductives.

En octobre, l'observation attentive des abeilles nous permet de déceler si une colonie est en difficulté. Quelque signes extérieurs ne trompent pas : elles ne volent pas alors que les autres colonies sont en activité ; ou au contraire elles sont sur actives et de nombreuses abeilles se battent, cela signifie que la ruche est pillée ; des papillons de fausse teigne tournent autour de la ruche ; les abeilles n'occupent pas tous les cadres). En octobre il est encore temps de la sauver en la réunissant à une autre colonie. Les abeilles de deux peuples faibles réunis hiverneront bien mieux que séparément. Plus la grappe est populeuse, mieux elle se défendra des rigueurs de l'hiver. De plus, la consommation individuelle sera plus faible, ce qui réduit l'usure des abeilles et accroît leur longévité.

Comment procéder ? Choisir une journée calme et ensoleillée. J'enlève tous les cadres de la ruche à réunir, sauf un qui sera totalement vide afin de permettre aux abeilles de se regrouper et de s'agripper. Si la reine est encore présente et qu'on la trouve facilement on l'élimine, sinon les abeilles s'en chargeront. Puis je referme jusqu'au soir.

S'il reste du couvain, on le donne à la ruche réceptrice, les cadres de provisions seront soit confiés à la ruche réceptrice s'il y a possibilité, soit soigneusement rangés pour une utilisation ultérieure. La ruche réceptrice est couverte avec une double feuille de papier journal dans laquelle j'ai percé cinq petits trous avec un clou de 50 (pas plus car l'opération de réunion doit durer un certain temps permettant aux deux colonies de s'imprégner de la même odeur), puis je pose une hausse et je referme le tout. Le soir venu, quand plus rien ne bouge je donne quelques jets de fumée dans le trou de vol de la ruche réceptrice, je prends le cadre de la ruche à réunir avec ses abeilles et je le dépose dans la hausse (sans secousses pour ne perdre aucune abeille). Je referme le tout, et j'évacue la ruche vide. Des deux côtés du journal, les abeilles vont s'activer pour se réunir. Pendant ce temps, elles se seront imprégnées de la même odeur et il n'y aura pas de bataille. Les reines s'il y a en 2, se débrouillent entre elles et la plus forte restera maîtresse de la situation. Très rapidement la tranquillité s'installe.

Normalement les traitements anti-varroas sont terminés ou presque. Un octobre agréable ne favorise pas seulement quelques rentrées de pollen ou de nectar, mais invite aussi les maraudeuses à visiter les ruches affaiblies du voisinage et à en récupérer outre les provisions les varroas qui seront alors responsables d’une ré-infestation. Les abeilles repèrent très vite dans leur environnement les colonies mal en point. Les varroas de ces ruches saisissent rapidement leur chance de survie en s'agrippant aux abeilles pillardes et ils déménagent avec elles. L'apiculteur observateur remarquera très vite une activité suspecte, ne correspondant pas à une miellée encore possible mais à un pillage. Il sera alors nécessaire de relancer un traitement anti varroa.
F. Anchling