Une Nouvelle Perte de Temps et de Ressources Publiques Menant à la Mort d'Abeilles
L'Autorité Européenne de Sécurité Alimentaire (EFSA) a publié aujourd'hui plusieurs rapports sur les autorisations d'urgence accordées en 2017 par certains pays de l'UE sur les trois néonicotinoïdes en suspension. Les rapports présentent un résultat inquiétant : plusieurs pays de l'UE continuent à utiliser des néonicotinoïdes en suspension dans des cultures attractives pour les abeilles, sans suivre la procédure requise par les autorités. C'est une démonstration préoccupante de mauvaise administration. En outre, les rapports montrent que l'EFSA est loin de pouvoir fournir des conseils pertinents sur le sujet.
Le 15 septembre 2017, la Commission Européenne a demandé à l'EFSA fournir une assistance technique pour évaluer les autorisations d'urgence pour l'utilisation du clothianidine, de l'imidaclopride et du thiaméthoxame dans les cultures qui attirent les abeilles et d'autres pollinisateurs. Les pays suivants ont accordé de telles autorisations : Roumanie, Bulgarie, Estonie, Finlande, Lettonie, Lituanie et Hongrie. Dans son mandat, la Commission a sollicité à l'EFSA « d’évaluer si l'octroi de ces autorisations d'urgence et leur large portée étaient nécessaires en raison d'un danger qui ne pouvait être circonscrit par aucun autre moyen raisonnable ».
C'était la première fois que la Commission demandait une telle assistance, bien que ces États Membres aient accordé des autorisations d'urgence chaque année depuis l'entrée en vigueur des restrictions en 2013. Entre-temps, les audits de santé et d’alimentation, OVF) de la Commission européenne avait déjà montré que des pays comme la Roumanie, qui continuent à accorder des dérogations année après année, n'avaient pas rempli les conditions requises pour émettre des dérogations.
Les rapports présentent des problèmes inquiétants :
- Certains États Membres comme la Bulgarie n'ont pas fourni les données demandées pour justifier les autorisations d'urgence. Il s'agit d'un problème récurrent, comme il peut s’avouer dans les autorisations d'urgence des années précédentes (voir le rapport Bee Emergency Call). Il n’y a aucun doute que c'est un grave cas de mauvaise administration de la part des ministères nationaux et de la Commission européenne, qui l'a autorisé.
- L'EFSA, expert en évaluation des risques des pesticides et pas nécessairement en agronomie et en agriculture, examine chacune des alternatives proposées pays par pays, sans considérer que les mêmes alternatives sont efficaces dans plusieurs cas. Dans ses rapports, il a trouvé qu'il existe des alternatives disponibles en Hongrie, mais il n'y a pas de discussion sur l'expansion de ces alternatives dans d'autres territoires.
- L'EFSA, avec sa méthodologie, ne parvient pas à intégrer les connaissances provenant d'organismes publics connexes tels que les audits et analyses de la santé et de l'alimentation, qui dans ce cas auraient pu être d'une grande aide. Cependant, ils ont intégré un conflit d'intérêts clair par les États membres qui ont accordé ces autorisations.
En effet, la question devrait être adressée à la DG Santé. Pourquoi n'ont-ils pas demandé à leurs agences de travailler ensemble sur cette question ? La Commission a demandé à l'EFSA de vérifier la pertinence de ces autorisations. En raison de son absence de réponse à cette demande, nous avons actuellement perdu 10 mois à produire des rapports qui n'ont aucune chance de résoudre les risques auxquels les abeilles et les pollinisateurs sont confrontés dans ces pays. Ils ne fournissent ni une vision externe des autorisations ni des alternatives. Cependant, ils peuvent présenter des arguments pour que la Commission poursuive les États membres devant les tribunaux. Par conséquent, peut-être un résultat positif peut être vu dans trois ou quatre ans. Entre-temps, le secteur apicole et la biodiversité de ces pays auront déjà subi des dommages irréparables.
Francesco Panella, président de BeeLife, a déclaré : « Nous avons constaté aujourd'hui que l'EFSA n'a aucune expertise pour rendre le modèle agricole plus durable. Nos collègues des pays où les gouvernements accordent massivement des dérogations sont en train d’avouer les mêmes pertes que celles observées dans les années 90. Mais les méthodes ont suffisamment évolué pour ne plus permettre ces pertes ».
L'évaluation de l'EFSA a mis en évidence l'efficacité élevée des néonicotinoïdes en raison de leur toxicité inégalée. Cependant, cette caractéristique est aussi la source de leur danger, ce qui entraîne la nécessité de rechercher des alternatives. Les États Membres sont obligés de développer des programmes de recherche pour trouver des alternatives après la délivrance des autorisations d'urgence, mais aucun résultat n'est disponible à ce jour. En effet, des projets visant à trouver des alternatives auraient dû être lancés depuis 2014, après l'introduction des premières dérogations, mais en 2018 il n'y a toujours pas d'avis.