Apiculture en Kabylie, une opportunité pour les jeunes agronomes
par  Mouloud Abadou 

L'apiculture est une activité agricole devenue ces dernières années la plus courtisée par les jeunes et moins jeunes agriculteurs des différentes localités de la Grande Kabylie, en raison sans doute de ses avantages en matière de productivité et de ses avantages, notamment dans le domaine de la santé. En effet, trois produits sont extraits des ruches : le miel, le pollen et la cire.
L'apiculture est pratiquée autrefois dans des ruches traditionnelles faites en liège jugées par les spécialistes d'incommodes surtout quand il s'agit de la récolte du miel. En plus de l'exiguïté de ces ruches, les abeilles sont exposées à de multiples maladies. Aujourd'hui, l'élevage se fait dans des ruches appelées « longs both » comprenant un corps cullique, une hausse, un couvre-cady et un couvercle, le tout reposant sur un plateau. La ruche est isolée du sol par un pose-ruche métallique. La ruche actuelle préserve la colonie au moment de la récolte, ce qui explique son adaptation au suivi et au traitement contre les maladies.
kabylie

L'apiculteur doit être en permanence à l'état de veille pour éviter la contamination des essaims par d'éventuelles maladies qui peuvent être néfastes pour ces abeilles. On citera, entre autres, la varroase, la fausse teigne de la loque américaine.

La varroase est un parasite qui se nourrit de l'hémolymphe des abeilles qui ne peuvent pas s'en débarrasser. Pour le combattre efficacement, l'apiculteur doit procéder à l'implantation de rubans d'apiston. La deuxième maladie est déclenchée par un papillon parasite appelé fausse teigne. Ce papillon se manifeste par une larve qui se développe aisément dans la ruche en dévorant le miel, la cire, le couvain. La colonie est ainsi détruite. Pour y remédier, il est conseillé à l'apiculteur d'isoler la ruche attaquée et de la nettoyer par des produits de traitement pour éliminer définitivement les larves et les oeufs.

Programmes de développement de l'apiculture au niveau régional
Selon le premier responsable de la Direction des services agricoles de la wilaya (DSAW), le parc agricole au niveau des 10 subdivisions agricoles que compte la Grande Kabylie s'élevait à septembre 2001 à 24 660 ruches pleines, exploitées par 10 500 apiculteurs.

Notre interlocuteur nous a précisé que ce parc est né de l'acquisition sur fonds propres des agriculteurs, des programmes PCD et du programme sur budget de la wilaya. A la question de savoir si d'autres programmes de développement ont été lancés par les différents services concernés, notre interlocuteur mettra en exergue la mise en place du fonds qui, selon lui, a permis de cibler de nouveaux bénéficiaires parmi les agriculteurs, mais aussi les jeunes diplômés en agronomie. Abondant dans le même sens le responsable nous explique que ce programme a permis rien que pour la campagne 2001-2002 à pas moins de 410 nouveaux bénéficiaires totalisant 114 000 ruches pleines. Le nombre actuel de ruches au niveau des subdivisions agricoles que compte la wilaya a atteint 360 600 ruches pleines.

Aussi faut-il souligner que le même programme a permis l'installation en 2001 de deux pépinières privées agricoles destinées à la production d'essaims et de reines, ainsi que d'une menuiserie agricole au niveau de la Cassap agence de Oued Aïssi pour la fabrication des ruches.

Comment bénéficier de subventions pour des ruches pleines ?
Trois opérateurs administratifs interviennent lors de la procédure pour l'octroi d'une aide et viennent quelquefois en complément à d'autres activités agricoles de manière à diversifier son revenu ou au contraire pour soutenir des apiculteurs déjà productifs. En collaboration avec l'agriculteur, les subdivisions agricoles passent d'abord par la conception du projet avant de le finaliser et le déposer au niveau du comité technique de wilaya. Ensuite ledit projet atterrira au niveau de la DSA (Direction des services agricoles) pour décider du soutien au projet ou son annulation.

Ce n'est qu'à cette étape que le volet financier est abordé pour un crédit bancaire, une subvention et la domiciliation du projet. A ce sujet, un chef de service de la DSA nous dira : « On peut dire que ces trois structures s'en sont assez bien tirées.

Reste quand même que des améliorations peuvent être apportées en matière d'allégement des procédures administratives pour éviter à l'agriculteur les incessants va-et-vient ».

La production a sensiblement chuté cette année
Les causes de la régression de la production du miel cette année sont, selon un apiculteur professionnel, en rapport avec les conditions climatiques. La région de Kabylie, ajoute-t-il, a connu une saison printanière très courte où il n'y a pas eu floraison suivie d'un hiver rude, ce qui a rendu la tâche des plus difficiles pour les différents essaimages.

Pour d'autres cette faiblesse en production et son prix élevé sont dus à quelques points faibles tels que le prix et la non-disponibilité du sucre destiné aux abeilles. S'ajoute à cela la pollution des points d'eau et ruisseaux où l'apiculteur se retrouve contraint d'approvisionner ses ruches en eau potable même pour les ruches les plus éloignées.

Mouloud Abadou
Tizi Ouzou - Algérie