Avec l'aimable autorisation de la revue Abeilles et Fleurs

Réparer les ruches détériorées (2002)
Maurice Mary

Poignée en creux d’un corps de ruche, percée de deux trous de pic-vert. Ces trous ont été, dans un premier temps, obstrués avec du plâtre mélangé de sable, ce qui est visible sur le trou de gauche. Le trou de droite, réouvert pour cette photo, laisse apparaître la tôle qui a été clouée ensuite à l’intérieur du corps de ruche.

Hivernage
Au cours de l’hiver, l’apiculteur n’est pas forcément à l’abri de divers dégâts apportés aux ruches par certains prédateurs. En effet, certains oiseaux et autres mammifères volontiers insectivores, et consommateurs de miel, peuvent être tentés, surtout en période de neige, par le garde-manger que constitue la ruche.

Le pic-vert d’abord
Si celui-ci a pensé aux ruches, et a, avec succès, percé une paroi de la ruche, ravagé les cadres de bordure jusqu’à atteindre la grappe d’abeilles et s’en régaler, eh bien il y reviendra. Il pourra même percer ainsi, avec son bec très efficace, plusieurs ruches dans un même rucher. Le pic-vert, très doué pour la recherche des insectes sous les écorces des arbres et dans les troncs creux, est aussi un fainéant. Il recherche par sondage acoustique, après quelques coups de bec spécifiques, la partie faible du bois à percer, la paroi la moins épaisse. Beaucoup de ruches actuelles ont, sur deux faces, voire les quatre faces d’ailleurs, des poignées évidées dans l’épaisseur du bois, par un coup de toupie à bois ; poignées simples permettant d’y glisser le bout des doigts pour les porter, les soupeser. Eh bien, c’est là précisément, que dans la plupart des cas, le pic-vert va attaquer et percer là où l’épaisseur de la paroi ne fait plus guère qu’un petit centimètre d’épaisseur.

Les martres, fouines, belettes...
Elles aussi en hiver ont besoin de survivre, et une cure d’abeilles, miel et pollen est bienfaisante à leur santé et source d’excellentes protéines et calories. Ces mammifères s’attaquent le plus souvent à l’entrée des ruchers ou au-dessus immédiat de l’entrée, si celle-ci est protégée par une grille en tôle. Pourquoi vers l’entrée ? Probablement, leur odorat étant particulièrement développé, les bonnes effluves qu’ils perçoivent en reniflant porte les encouragent à y aller voir. Ces bien jolis petits mammifères sont équipés de dents de rongeurs. Et attaquer une paroi de sapin de 25 mm d’épaisseur n’est pas un problème. Le trou et les dégâts qu’ils peuvent faire sont souvent plus importants que ceux des pic-verts, y compris dans les cadres.

Il faut bien sûr, obstruer, calfater ces ouvertures. Et ne pas laisser la colonie éprouvée dans un courant d’air extrêmement nuisible, et qui peut être mortel. Pour les trous de pic-vert, rarement très grands, on peut calfater provisoirement. Avec de la terre glaise, préparée en pâte de bonne consistance pas coulante, ou bien avec du mastic de vitrier. Egalement au plâtre mélangé de sable fin, lequel mélange en séchant devient dur comme du béton. Dans les trois cas, ça se fait et se modèle très bien, en appliquant avec un couteau à mastic.

Plus tard, lorsque les corps de ruches vides reviendront à l’atelier, on pourra clouer une petite plaque de tôle mince, à l’intérieur des corps, en face des poignées.

Lorsque le bec des pic-verts arrive à la tôle, il n’insiste pas.


Tôle clouée intérieurement au corps
de ruche en face de la poignée en creux.

Pour les trous de plus grande dimension, la solution immédiate est de clouer une tôle mince, un peu plus grande que les trous, à l’extérieur bien sûr. Au printemps, vous pourrez transvaser la colonie, et réparer le corps endommagé au mieux à l’atelier.


Tôle clouée extérieurement, en bas d’un corps de
ruche, qui a été attaqué juste au-dessus de l’entrée.

Peut-être certains d’entre vous ont-ils de meilleures solutions de réparations immédiates à nous proposer ? Ou mieux encore, des suggestions de prévention pour éviter ces attaques ?

Prenez votre plume et faites-nous en part.