Avec l'aimable autorisation de la revue Abeilles et Fleurs
Rassembler deux colonies d’abeilles (2001)
Maurice Mary
Dans un rucher, quelle que soit son importance, il reste toujours, en fin de saison, des colonies qualifiées de "non valeur". Ce sont soit des ruches moins peuplées que la normale, qui ont peu (ou pas) produit en été, soit des ruches qui ont essaimé, et ont eu des difficultés à se "remèrer" et se "refaire", soit des essaims de l’année qui ne se sont pas assez développés, soit encore des colonies avec reine déficiente. Ces colonies ont été repérées lors de la dernière récolte.
On prendra soin de vérifier, bien sûr, pour ces colonies, l’état du couvain. On s’assurera qu’il n’existe aucune pathologie particulière (loque ou autres..) ; si tel est le cas, il vaudra mieux détruire. Si la santé des abeilles est normale, alors, il vaut mieux préparer à l’hivernage une bonne colonie que deux médiocres. Pour ce faire, on rassemblera dans la même ruche deux colonies. Ce sera la meilleure des deux qui devra accueillir la plus faible.
Les meilleures conditions
On est en septembre-octobre. Prévoir cette opération de rassemblement de préférence en fin de journée, mais avec toutefois une température suffisante (15° minimum).
Si la ruche la plus faible à assembler se trouve dans le même rucher que l’autre, c’est cette ruche la plus faible qui sera déplacée près de l’autre pour l’opération.
Si elle provient d’un autre rucher, on la déplacera pour la transvaser aussitôt. Dans les deux cas, on placera la ruche à assembler (B) derrière la ruche "receveuse" (A).
Après un léger enfumage, on ouvre la ruche receveuse (A). On en retire les cadres les plus faibles en couvain et en provisions, en secouant les abeilles au fond de la ruche.
On replacera ensuite les cadres restants de la façon suivante :
- les cadres de provisions en bordure,
- les cadres de couvain vers le centre (comme toujours).
Il restera alors du vide dans cette ruche pour recevoir les bons cadres de la colonie faible.
On ouvre l’autre ruche plus faible, en l’enfumant. Et l’on sort progressivement les cadres non occupés d’abord, en secouant cette fois-ci les abeilles dans la partie vide de
la ruche receveuse. Ensuite, on placera délicatement les cadres de couvain au centre (après celui ou ceux de l’autre colonie). Enfin, on complétera la bordure avec les meilleurs cadres de pro-visions.
Que deviennent les reines ?
Si, lors du rassemblement, on aperçoit la reine de la colonie la plus faible, on peut la supprimer. Sinon, les reines se débrouilleront entre elles... Que la meilleure gagne !
Quand le transfert est terminé, avant de remettre le couvre-cadres, on arrosera les abeilles, par les inter-cadres, d’un peu de sirop de nourrissement, soit pulvérisé, soit versé avec un bec fin, à raison d’un bon verre par ruche.
Ainsi, les abeilles vont se mettre à lécher ce sirop et se lécher entre elles. Ce qui évite l’agressivité, et permet une cohabitation en toute convivialité.
Pendant toute la durée de l’opération, l’enfumage est nécessaire. Mais un minimum, pour ne pas provoquer d’affolement ni d’envol intempestif des abeilles. "La bonne dose au bon endroit, au bon moment", selon le slogan de l’Agriculture dite "raisonnée"...