Le pas à pas : visite de printemps (2004)
Jean-Maurice Cantin
avec l'aimable autorisation de la revue
Introduction
Une des premières activités saisonnières au rucher est la visite de printemps. Toute visite à l’intérieur de la colonie donne une appréciation de l’état de celle-ci à la date d’ouverture. C’est un « instantané » formalisé par des observations. Ces observations doivent permettre à l’apiculteur de décider de l’avenir de chaque colonie.

Etape 1
A partir de 10 °C, les abeilles commencent à sortir. Il est tentant de savoir ce qui se passe à l’intérieur de la colonie. Mais il est impératif de n’ouvrir les ruches que par une température extérieure de 15 °C minimum et sans vent (photos 1 et 2). Le couvain est maintenu à 36 °C, l’ouverture de la ruche, la manipulation des cadres perturbent ce maintien de la température. Après la visite, la colonie met plus ou moins de temps à retrouver son équilibre et d’autant plus difficilement qu’elle est faible. Si elle n’y arrive pas, cela peut aller jusqu’à l’abandon d’une partie du couvain et à sa mort...

Etape 2
A votre arrivée dans le rucher, ne vous précipitez pas vers l’ouverture des ruches, prenez le temps d’observer l’activité sur les planches de vol. Vous obtiendrez déjà de précieux renseignements. Ce sont les ruches les plus actives que vous ouvrirez en premier. Si elles sont plus actives, il est plus probable qu’elles n’aient pas de problèmes sanitaires que vous risquez de transmettre par contamination de votre outillage. Vous pouvez diminuer ces risques de contamination en employant alternativement plusieurs lève-cadres que vous maintenez dans de l’eau javellisée et que vous débarrassez des résidus de propolis avec une éponge métallique

Etape 3
Vous ouvrez la ruche et vous dégagez un cadre de rive. Généralement, il contient du miel. Vous le posez dans le toit, vous évitez ainsi de coller de la végétation ou de la terre avec la propolis. Le poser debout sur son épaulement ou sa pointe de suspension limite les surfaces de contact et par conséquent les écrasements d’abeilles.

Etape 4
Vous faites glisser les cadres dans l’espace dégagé (en les soulevant légèrement pour les ruches à crémaillères) jusqu’à atteindre les cadres de couvain.
Vous les observez un à un.

Etape 5
Un couvain régulier et compact en forme d’ellipse est un gage de bonne santé et augure d’un développement futur satisfaisant.

Etape 6
Si vos couvre-cadres n’ont pas de trou nourrisseur, le candi peut être disposé directement sur les cadres.
Mais attention au refroidissement de la colonie.
Soyez rapide et ne vous laissez pas surprendre par l’épaisseur du pain de candi qui peut gêner la fermeture de la ruche
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Faire
Organisez vos observations...
- Evaluez l’état des provisions : nombre de cadres de miel, quantité de pollen. Y a-t-il des rentrées de nectar ?
- Evaluez la population et surtout le couvain : son aspect général, présence de tous les stades et particulièrement des œufs. Son étendue en nombre de cadres.
- Evaluez l’état du matériel : corps de ruche, plancher, couvre-cadre, cadres.
Pour décider de l’avenir de chaque colonie et pour programmer vos interventions...
De nourrissement de secours pour éviter la disette, de nourrissement stimulant pour avoir des ouvrières pour la future miellée, de nourrissement protéiné...
D’agrandissement de ruche, de réunions de colonies, de renouvellements de reine et d’élevage.
De transvasement des corps en mauvais état, de nettoyage ou changement des planchers, de renouvellement des cadres...
Ne pas faire
Agrandir le nid à couvain en introduisant un cadre vide ou, pire, à construire en son milieu. Vous attendrez des températures nocturnes plus clémentes et une population plus développée qui maintiendra la température.
Informations complémentaires
Vous pouvez noter vos observations sur le cahier d’élevage. C’est une manière de fixer « l’instantané ». Consultées ultérieurement, vos notes peuvent devenir un outil de travail qui renforce votre expérience et vous permet de prendre vos décisions apicoles plus facilement. Une fiche par colonie n’est pas un luxe.