Le pas à pas : tour du monde des bonnes idées (2014)
Gilles Fert
avec l'aimable autorisation de la revue
Introduction
L’apiculture se pratique partout où il y a des hommes. Là où l’abeille n’était pas présente (celle que nous utilisons, du genre Apis), les Conquistadors, les colons, les religieux… ont apporté avec eux des colonies d’abeilles européennes. Ce sont elles qui produisent tout le miel que l’on trouve actuellement sur le marché international. Et puis, avec le temps, se sont développées des astuces, des méthodes de conduite de ruches. Voici quelques tours de mains pratiqués par nos collègues étrangers, mais parfois déjà adoptés par les apiculteurs européens.

Etape 1
Le point d’eau
Précaution
Dans certaines contrées, il est sage d’introduire dans les abreuvoirs des petits poissons mangeurs de larves de moustiques comme les gambusies (Gambusia affinis). Originaire des Etats-Unis, la gambusie (mosquito fish) s’adapte très bien dans ces bassins artificiels.
Mexique
Nous savons tous maintenant que l’eau de qualité est indispensable dans le rucher. Nos collègues mexicains utilisent fréquemment des buses en béton, généralement utilisées pour les ponts, en guise d’abreuvoir. Une bâche plastique placée à l’intérieur assure l’étanchéité. Disposé à l’ombre, cet abreuvoir contient des plantes aquatiques pour que les abeilles s’y posent.

Etape 2
Ruche Layens comme finisseur
Espagne
La ruche de type Layens est un finisseur horizontal prêt à l’emploi. Il ne reste qu’à glisser une grille à reine verticalement et de créer une seconde ouverture.
Par un système de plaque métallique venant isoler totalement la partie orpheline pendant 24 heures, on peut même en faire un système « Cloake » horizontal.
Le saviez-vous ?
La ruche Layens fut créée par un Français lauréat de l’académie des Sciences (Georges de Layens, 1834-1897) au xixe siècle. Aujourd’hui abandonnée en France, elle reste curieusement le modèle le plus utilisé en Espagne.

Etape 3
Cire gaufrée avec cellules de mâles.
Australie
L’utilisation de la cire gaufrée à mâles offre plusieurs avantages. L’objectif pourrait être la production de mâles en vue de meilleures fécondations. Mais dans ce cas, il s’agit simplement de faciliter l’extraction du miel et la rendre plus rapide grâce à la plus grande taille des cellules.
Nos collègues australiens ont également observé que la reine montait ainsi moins fréquemment dans les hausses. Cela permet donc une moindre quantité de couvain au moment de l’extraction, si toutefois aucune grille à reine n’est utilisée. Les abeilles entreposent également moins de pollen dans ces grosses cellules, la fausse teigne se développera donc moins pendant le stockage des hausses.

Etape 4
Chili
Pendant la visite d’une ruche, la crainte est de perdre la reine dans l’herbe.
Pour faciliter la visite, et créer de l’espace dans la ruche, le premier cadre est souvent laissé dehors.
Afin d’éviter de poser ce cadre directement sur le sol, le support métallique qui vient se fixer sur le corps de ruche est très utile.

Etape 5
Le poncho
Uruguay
Appelé « poncho », ce petit bout de plastique rend bien des services.
Généralement taillé dans un sac plastique d’engrais, ou plus sainement dans du film de charpentier, il a une dimension d’environ 30 x 40 cm.
Il sert tout simplement à protéger la grappe d’abeilles au printemps lorsque les nuits sont encore froides.
Le peu de couvain se trouve ainsi confiné entre la feuille de plastique et le côté de la ruche. On le déplace progressivement, au fur et à mesure que le couvain se développe.

Etape 6
L’entrée anti-pillage
Nouvelle-Zélande
En fin de saison, lorsque la miellée est terminée, les abeilles à la recherche de miel s’acharnent sur les petites ruchettes.
Elles peuvent même entraîner la mort des colonies les plus faibles.
La solution consiste à placer une fermeture grillagée ne laissant qu’un passage d’abeille sur le côté.
Les abeilles pillardes ou les guêpes s’acharneront ainsi sur la partie grillagée.