Le pas à pas : le petit coléoptère de la ruche (PCR) Æthina tumida (Murray) (2017)
Gilles Fert

avec l'aimable autorisation de la revue
Abeilles et Fleurs

Introduction
Parler d’un parasite de la ruche alors qu’il n’est pas encore présent sur notre territoire peut sembler pessimiste, mais le risque d’apparition dans les années à venir du petit coléoptère de la ruche (PCR) est important. Le plus sage est de s’y préparer pour ne pas réagir dans la panique ou, pire encore, ne pas savoir le détecter. Inspirons-nous de nos collègues amateurs comme professionnels qui sont confrontés parfois depuis plus d’une décennie au petit coléoptère afin de ne pas commettre certaines erreurs. Rappelons qu’il est classé danger sanitaire de catégorie 1, donc objet à déclaration.

Etape 1
Originaire d’Afrique du Sud où il vit dans les ruches d’abeilles Apis mellifera capensis, le petit coléoptère de la ruche (PCR) devient un problème pour les autres races d’abeilles qui n’ont pas encore développé de défenses. C’est le cas de l’Italie qui a découvert ses premiers PCR en Calabre, en septembre 2014. Depuis lors, les larves du coléoptère viennent perturber les colonies d’abeilles jaunes Apis mellifera ligustica du Sud de l’Italie..

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Etape 2
Le PCR adulte est de couleur marron à noir. Il possède 6 pattes, 2 paires d’ailes et une taille de 5 à 7 mm. La larve, qui peut être confondue avec une petite larve de fausse teigne, mesure 11 mm pour 1,6 mm de large. Contrairement à la fausse teigne qui possède des petites pattes sur toute la longueur du corps, la larve de PCR n’a que 3 paires de pattes situées près de la tête, ainsi que deux rangées de petites épines sur la partie dorsale.

Etape 3
La présence du PCR dans la ruche pose principalement un problème au stade larvaire. Ses larves creusent des galeries dans tous les cadres contenant du miel et du pollen. Le miel fermente rapidement à cause des excréments des larves et dégage une odeur de putréfaction rendant le miel impropre à la consommation.


Etape 4
Dès qu’on ouvre la ruche, les PCR adultes courent partout fuyant la lumière, pour se réfugier dans le moindre abri. Afin de les détecter, les apiculteurs placent pendant 48 heures une bandelette de détection sur le plancher de la ruche, d’une dimension d’environ 40 cm x 3 cm. Chassés par les abeilles, les PCR se réfugient dans ses ondulations de 3,5 à 5 mm de largeur sur 3,5 mm de hauteur. Cette bandelette est beaucoup plus efficace que toutes les autres méthodes de contrôle par le dessus. Le petit piège placé entre les cadres et contenant un peu d’huile et de vinaigre de cidre n’étant que moyennement attractif.

Etape 5
Une méthode de détection plus rapide consiste à déposer la hausse sur la toiture retournée. Les PCR adultes fuient la lumière et après quelques minutes se réfugient dans la toiture. Contrairement aux varroas, les PCR adultes peuvent voyager sur les fruits sucrés comme les pastèques, melons. Ils peuvent également voler sur plus de 10 km. Les larves s’enterrent au pied des ruches pour terminer leur cycle d’évolution. La reproduction peut atteindre six générations par an.


Etape 6
Aux USA où il est présent depuis 1996, la lutte passe parfois par l’utilisation de molécules chimiques placées sur le plancher de la ruche sous une protection. Mais cette option n’est pas conseillée, et la solution passe plutôt par les bonnes pratiques comme le piégeage des PCR, des populations d’abeilles fortes donc des reines jeunes, du matériel récent ne permettant pas aux PCR adultes de se réfugier dans des anfractuosités de la ruche. La lingette placée sur les cadres donne également de bons résultats, et cela sans produits chimiques.

Chez nos voisins
Nos collègues italiens se voient brûler les ruches contaminées, appliquant plus ou moins ce que l’on fait en France en cas de loque américaine. Cette pratique brutale et inefficace pour enrayer le problème fait que les apiculteurs ne déclarent plus la présence de PCR… (on compterait au moins 6 200 colonies détruites par le feu depuis deux ans !).

Etonnant
Les collègues étrangers confrontés au petit coléoptère de la ruche (PCR) Æthina tumida (Murray) depuis plusieurs années classent ce parasite en troisième position des problèmes sanitaires apicoles après le varroa et la loque américaine, cela est plutôt rassurant ! (Egypte depuis 2000, Australie 2001, Canada 2002, Mexique 2007, Hawaï 2010…).

Conseil
Le risque majeur est de perdre la récolte de miel suite à la présence des larves dans les cadres. En cas de présence de PCR dans votre rucher, pensez à extraire le miel le jour même, ou dans les 24 heures, à moins de stocker les hausses en chambre froide.

Le saviez-vous ?
En Australie, où le PCR est arrivé en 2001, celui-ci pose des problèmes en zone côtière et beaucoup moins à l’intérieur des terres où le climat est plus sec et le terrain moins sablonneux.

Pour en savoir plus :
• « Etude prospective pour lutter contre Æthina tumida », publication ITSAP, www.itsap.asso.fr, note de service de la DGAL-SDSPA-2015-406 du 28-04-2015.
• www.hdoa.hawaii.gov, 2012.