Avec l'aimable autorisation de la revue Abeilles et Fleurs
Les cadres : montage des fils et de la cire gaufrée
Maurice Mary
Tout apiculteur a besoin de cadres neufs: d’une part : pour le remplacement, le renouvellement chaque année de deux ou trois cadres dans le corps de ruche ; d’autre part, pour la création de nouvelles ruches.
On prendra soin de vérifier, bien sûr, pour ces colonies, l’état du couvain. On s’assurera qu’il n’existe aucune pathologie particulière (loque ou autres..) ; si tel est le cas, il vaudra mieux détruire. Si la santé des abeilles est normale, alors, il vaut mieux préparer à l’hivernage une bonne colonie que deux médiocres. Pour ce faire, on rassemblera dans la même ruche deux colonies. Ce sera la meilleure des deux qui devra accueillir la plus faible.
Les meilleures conditions
On est en septembre-octobre. Prévoir cette opération de rassemblement de préférence en fin de journée, mais avec toutefois une température suffisante (15° minimum).
L’armature pour tenir la cire gaufrée
Le fil pour tenir la cire gaufrée peut être disposé en brins horizontaux parallèles, c’est le plus simple. Si c’est le cas, les fils doivent être très tendus, car au moindre relâchement il y aura déformation de la cire gaufrée. Nous préférons, quant à nous, les fils verticaux. Ils peuvent être en rangs parallèles aux montants des cadres, ou être disposés en rangs non parallèles formant ainsi des trapèzes ou triangles. Cette formule évite ensuite le glissement de la cire gaufrée vers le bas, par température élevée. Les cadres eux-mêmes ont été assemblés et cloués. Dans la tête du cadre, en dessous, a été prévue, avant l’assemblage, une rainure longitudinale centrée de 3 mm pour qu’on puisse y encastrer ensuite le haut de la feuille de cire gaufrée.
Passage à la scie circulaire, pour les petites
rainures de dessus et dessous des cadres.
Pour le montage des fils verticaux, prévoir aussi une petite rainure de 2 mm, sur le dessus de la tête de cadre et également sous le pied du cadre. Dans ces rainures pourront se loger les parties horizontales du fil, allant d’un trou à un autre. Ainsi, lors du grattage ou raclage ultérieur des cadres, les fils seront à l’abri de l’attaque du grattoir.
Le perçage des cadres
La tête et le bas du cadre doivent être percés pour qu’on puisse y passer les fils verticaux. Ou bien les montants du cadre si on met les fils horizontaux. Pour ce perçage, on utilisera des forets de 3-3,5 mm ; les trous assez grands ainsi obtenus permettront le passage facile du fil. En fonction du nombre de cadres à percer chaque année, on aura un matériel simple ou plus compliqué. Une perceuse à un seul foret suffit pour un nombre limité de cadres. Elle sera fixée en bout d’une petite table, horizontalement. Le foret dépassera le niveau du plateau de la table de 12 mm, soit une demi-épaisseur du cadre.
Perçage des trous pour le passage du fil étamé.
Pour percer, on fera glisser le cadre posé à plat sur la table vers le foret. Quelques repères prévus sur la table permettront de faire les trous successifs au bon endroit. Pour une exploitation plus importante, on peut construire une perceuse à forets multiples, laquelle percera plusieurs trous à la fois. Celle qui figure sur une des photos est équipée d’un moteur qui entraîne, par courroie trapézoïdale, trois petits mandrins fixés sur l’arbre d’essieux de bicyclette. Cette table est équipée d’un plateau mobile sur glissières, avec ressort de rappel. On pose donc le cadre sur ce plateau mobile, lequel glisse aisément pour aller vers les forets, et retour après perçage. C’est assez facile à construire pour un bon bricoleur, ce qui est le cas, très souvent, de l’apiculteur.
Préparation du fil
Les fils doivent être coupés d’avance à la bonne longueur. Il faut donc, au préalable, déterminer la longueur nécessaire. Ensuite, sur une planche posée et fixée sommairement sur un établi, on plantera de longues pointes à charpente, éloignées entre elles de la demi-longueur du fil. Et en ligne un peu plus loin, une autre pointe identique pour y placer la bobine de fil ; ça servira de dérouleur. On fait alors, avec le fil qui se déroule, des allers et retours successifs, d’une pointe à l’autre, des deux premières pointes.
Dérouleur gabarit pour le fil.
Quand on en a assez, ou que la bobine est terminée, il ne reste plus qu’à couper cet écheveau de fils à un endroit quelconque. Nous aurons ainsi une botte de fils tous à la bonne longueur.
Echeveau de fils coupés à longueur
Passage du fil dans les cadres
Commencer par un bout de la tête du cadre, là où on a percé deux trous rapprochés, espacés de 15 mm, ceci pour entortiller en dessous le bout du fil sur lui-même, donc le fixer. Ensuite, passer dans les trous successifs et terminer à l’extrémité opposée du cadre, en bas cette fois, où on a fait là aussi deux trous rapprochés.
Le passage du fil. On aperçoit les doubles
trous pour le départ et l’arrivée du fil.
Bien tendre l’ensemble, brin par brin, jusqu’au bout du fil, avant d’entortiller l’extrémité.
Pose de la cire gaufrée
Ceci se fait, en position assise, devant une table. Sur cette table est fixée en surépaisseur une planche gabarit de la dimension intérieure d’un cadre, sur laquelle viendra s’emboîter et se poser le cadre. Dans un premier temps, cadre vertical, appuyer sur la tête, placer la feuille de cire gaufrée dans la rainure prévue sous la tête du cadre. Ensuite, coucher le cadre à plat sur la planche au gabarit, cire gaufrée contre la planche, fils au-dessus. Ces fils sont donc en contact tendu sur la cire gaufrée. Il ne reste plus qu’à chauffer les fils pour qu’ils s’enfoncent et se fixent dans la cire. Pour cela, on utilise les fils du cadre comme résistance électrique. On se sert alors d’un petit transformateur produisant du 12 volts, sans danger donc.
On introduit la feuille de cire dans
la rainure prévue sous la tête de cadre.
En posant les électrodes aux deux extrémités du fil du cadre, le courant passe, le fil chauffe et deux ou trois secondes suffisent pour qu’il s’enfonce dans la cire.
Planche gabarit pour recevoir le cadre,
cire gaufrée en dessous.
On pose les électrodes aux deux extrémités
du fil, lequel chauffe et s’incruste dans la cire.
Attention, bien poser les électrodes sur les tortillons de fil, aux deux extrémités, sans quoi l’étincelle peut couper en fil simple.
Ce qui est décrit ici est sans doute une technique parmi d’autres. C’est bien connu, l’ingéniosité des apiculteurs est sans limites. A vous, donc, de nous décrire vos trucs. Toute cette opération nous paraît assez primitive, gourmande de main-d’oeuvre, et vieillotte. La cire gaufrée préarmée n’est guère utilisée en France, à ma connaissance. Là, nous demanderons aux ciriers et fabricants-négociants de matériel apicole de prendre leur plume et de nous décrire les méthodes et le matériel performant correspondant à notre époque, donc le XXIe siècle.
Autrefois, chez les apiculteurs, le montage des cadres se faisait à la veillée, en ambiance conviviale. Tout comme d’autres dans les campagnes tressaient des paniers, voire des ruches en paille, épluchaient des châtaignes, cassaient des noix, tout en cassant du sucre sur le dos des voisins. Autre époque où il n’y avait pas de télé, et encore moins les 35 heures.