Le pas à pas : l'hygiène au rucher (2015)
Gilles Fert
avec l'aimable autorisation de la revue
Abeilles et Fleurs
Introduction
Travailler au rucher avec un minimum de bonnes pratiques d’hygiène vous permettra d’éviter la propagation des maladies ainsi que le pillage. Ces bonnes pratiques d’hygiène passent également par un rangement méthodique du matériel après chaque visite tout au long de la saison. Ces contraintes du début deviennent très vite des automatismes. Malheureusement, certains ruchers ressemblent trop souvent à de véritables bidonvilles. En plus d’être peu respectueux pour l’environnement, cela ne correspond pas à l’idée que l’on se fait de l’apiculteur proche de la nature. Faisons un effort pour l’image de l’apiculture comme pour la bonne santé de nos abeilles.

Etape 1
Nous avons tous rencontré, au détour d’un petit bois, un rucher plus ou moins abandonné, de vieux cadres ou de vieux pneus jonchant le sol…
Faisons un effort pour améliorer l’image de l’apiculture.
Difficile de trouver un emplacement lorsque les agriculteurs ont eu une mauvaise expérience avec un apiculteur peu soigneux.

Etape 2
Au cours de la visite de printemps, l’apiculteur racle soigneusement le dessus des cadres.
Ces morceaux de cire et de propolis imprégnés parfois de miel peuvent entraîner un pillage.
Ils doivent être récupérés dans un récipient et non laissés à l’air libre dans le rucher.
Vous pourrez les fondre et les utiliser pour imprégner l’intérieur des ruchettes ou les nuclei neufs dans le but d’éviter les désertions.

Etape 3
Evitez de placer vos ruches sur des vieux pneus.
Si cela reste pratique et économique, ils constituent des nichoirs parfaits pour le développement des larves de moustiques et les abeilles se noient souvent dans cette eau croupie.
Si vous tenez vraiment à ce support peu esthétique, n’oubliez pas d’y faire des trous d’évacuation de l’eau, qui malgré tout finissent par se boucher.

Etape 4
Quelques collègues ont l’habitude de désinfecter le sol du rucher sédentaire.
Equipé d’un pulvérisateur renfermant un désinfectant agricole ou, dans le meilleur des cas, un produit naturel comme du purin de fougère ou de prèle dilué à 10 %, vous pouvez badigeonner le sol en fin de journée lorsque les abeilles sont rentrées.
Cette opération a pour but d’éliminer les agents pathogènes se trouvant également dans les larves et les abeilles mortes qui jonchent le sol.
Cette désinfection se pratique régulièrement dans les régions infestées par le petit coléoptère (Æthina tumida), arrivé récemment dans le Sud de l’Italie.
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Etape 5
Si vous découvrez un cas de loque américaine avéré ou si vous avez une suspicion, n’hésitez pas à désinfecter votre lève-cadres et les gants avec une eau javellisée entre chaque visite de ruche.
Une bonne pratique consiste à utiliser des gants en latex que l’on change entre chaque ruche douteuse.

Etape 6
Dès que vous rencontrez une ruche morte, rapportez-la à l’atelier où vous la désinfecterez.
En période chaude, les larves de fausse teigne finissent par détruire les cadres de cire, les structures en polystyrène, voire le bois.
Si cette ruche est morte de loque, elle peut très vite contaminer les autres colonies en se faisant piller ses dernières réserves.
Conseil
Placez une ruchette-piège à quelques dizaines de mètres de votre rucher. Garni d’un vieux cadre indemne de maladie, ce piège évitera qu’un de vos essaims se réfugie dans une ruche vide et peut-être malade, ou qu’il aille déranger les voisins.
Précaution
On ne le répétera jamais assez, l’eau propre est indispensable dans le rucher. Autant pour éviter que vos abeilles n’importunent les voisins dans leur piscine, que pour leur offrir en permanence une eau de qualité indemne de produits chimiques.
Le saviez-vous ?
Par définition, l’apiculteur produit une denrée alimentaire. L’hygiène s’impose au rucher. Respectez le miel afin qu’il n’entre pas en contact avec des produits répulsifs de récolte ou des acaricides.
Attention
Pendant la récolte du miel, ne déposez pas les hausses directement sur le sol. Retournez une toiture que vous utiliserez comme support le temps des manipulations, cela évitera tout contact du miel avec la terre.
Pour en savoir plus
« Comment éviter le pillage », Abeilles et Fleurs n° 751, p. 27-28, 2013.
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