SNA
Avec l'aimable autorisation de la revue du SNA - Abonnez-vous à l'Abeille de France

reve printemps 18

Rêve de printemps (2008)
F. Anchling

Avec ce mois d'avril qui n'arrête pas de retarder la sortie d'hivernage, le rêve de soleil et le besoin de chaleur deviennent de plus en plus impératifs.
Ainsi de très nombreuses fleurettes qui sont dans l'impossibilité de se déplacer rêvent et attendent avec impatience le passage de l'abeille qui jouera le rôle du facteur et permettra à chacun des partenaires mâles et femelles de se rencontrer par correspondance et finalement de se marier.

Lorsqu'on passe derrière les ruches, l'on est surpris d'entendre un ronflement : ce sont des abeilles qui brassent de l'air. Les vieilles abeilles ne pouvant travailler ne s'usent pas et encombrent les ruelles entre les cadres, les jeunes ne peuvent s'exercer à voler. Tout ce monde vit dans une promiscuité redoutable et a besoin d'air frais. Vivement que l’on puisse sortir de cette prison, toutes en rêvent.

L'apiculteur lui aussi est impatient de caresser ses amies et de les regarder folâtrer dans les fruitiers en fleurs. On a l'impression que toutes ces fleurs et fleurettes prolongent leur floraison dans l'attente des butineuses qui auront pour mission de mélanger leurs pollens. Il se désole de tout ce nectar qui n'est pas recueilli alors que peut-être certaines de ses colonies meurent de faim et qu'il est obligé de les nourrir. Lui aussi rêve du bourdonnement heureux de ses protégées.

Les mois de mars et avril se sont distingués par de longues périodes froides, accompagnées d'une bise glaciale condamnant à la réclusion des bataillons de jeunes abeilles. Malgré cette froidure, les porteuses d'eau sont sorties pour rechercher l'eau nécessaire à l'élaboration de la bouillie larvaire. Sur les abreuvoirs j'ai constaté avec peine une hécatombe de vieilles abeilles et souvent je me suis posé la question « mais qui donc envoie ces travailleuses à une mort certaine ? Quel est ce chef sans cœur qui conduit ainsi à leur perte ses vaillantes butineuses ? ». Avec inquiétude je regardais les populations décroître au trou de vol : y aura-t-il suffisamment de butineuses lorsque fleurira le colza ?

La colonie se développe malgré le froid si la nourriture est suffisante
Et pourtant, amorcé en mars, le développement des populations s'est accéléré tout au long du mois d'avril dans le confort et la chaleur de la ruche et va connaître en mai son amplitude maximum, suivant en cela de très près les floraisons. Même si elle ne peut en profiter, la colonie vit au rythme des saisons et des fleurs, car la nature constitue le seul calendrier qui programme son horloge biologique. L'apiculteur doit observer avec beaucoup d'attention les floraisons qui l'entourent afin d'être en harmonie avec ses protégées. Ainsi il pourra découvrir la relation qui existe entre une espèce mellifère bien déterminée et le signal qui incite la colonie à élever des faux-bourdons.

À cette époque de l'année, nous devons surveiller régulièrement cette magnifique croissance et la favoriser de façon à maintenir l'harmonie biologique nécessaire au développement parfait de la colonie. Il ne faut pas oublier qu'un rayon de couvain donnera à l'éclosion de celui-ci, suffisamment d'abeilles pour couvrir trois rayons. Nous devons tenir compte de cette augmentation spectaculaire de la population et anticiper l'espace nécessaire à son logement, en procurant à ces bataillons de futures butineuses des cires gaufrées à bâtir et des cadres pour stocker le nectar.

Il existe une relation absolue entre l'étendue du couvain, une population forte et l'harmonie qui règne dans la colonie ; harmonie nécessaire pour transformer et enrichir le nectar en miel de qualité. Les chercheurs ont calculé que lorsque de 10 à 15 000 butineuses apportent du nectar à la ruche, de 25 à 30 000 jeunes abeilles sont nécessaires pour le mûrir et le transformer en miel. Ce sont les occupantes de huit à dix cadres de couvain. Le mûrissement du nectar et l'évacuation de l'eau qui en résulte nécessitent une température constante de 35 degrés. Cette température est régulée par le battement des muscles alliaires d'une batterie d'abeilles chaufferettes. En cas de nécessité, toute la colonie se transforme en chaufferettes abandonnant toutes les autres tâches. L'on comprend dès lors l'importance de ne pas intervenir intempestivement dans les ruches pour éviter de provoquer des chutes de température préjudiciables à l'harmonie nécessaire au bien-être de la colonie.

Il ne faut pas oublier de donner des cadres à bâtir afin que les cirières ne soient jamais désœuvrées. Les jeunes abeilles, cirières du 10e au 16e jour de leur existence, sont au maximum de leur effectif. C'est le moment le plus favorable pour faire construire. La construction des cadres est un indice qu'il ne faut pas négliger mais surveiller soigneusement, d'où l'intérêt de couvrir les ruches avec une vitre ou un plastique qui permet sans ouvrir la ruche d'en visualiser l'activité.

Si l'activité de construction est suspendue, c'est à dire si les bords du gâteau en construction sont brutalement arasés vers le bois du cadre et même quelquefois collés avec de la propolis la colonie est atteinte de la fièvre d'essaimage.

Autrefois dans certaines régions, notamment dans les landes à bruyères, l'essaimage était une chance, les essaims étaient convoités et représentaient une source de revenus importante pour l'apiculteur. Aujourd'hui par contre, l'on cherche à les éviter. Et pourtant l'essaimage fait partie d'une stratégie irréversible de notre abeille mellifère, qui quelquefois malheureusement conduit à l'effondrement de la colonie sauf si l'apiculteur attentif au bien-être de ses protégées vient à son secours.

Que propose la nature ?
Aujourd'hui encore la multiplication naturelle des colonies est utilisée dans d'autres pays d'une manière intensive. La grande abeille asiatique construit un seul rayon de plus d'un mètre carré, accroché sous de grosses branches. Ses essaims s'installent la plupart du temps à proximité de la souche et il n'est pas rare de trouver accrochées dans le même arbre, jusqu'à une centaine de colonies très proches les unes des autres. Elles seront récoltées par des chasseurs de miel spécialisés.

Dans de nombreuses contrées africaines, on propose aux essaims des refuges naturels et leur miel est récolté dès que cela en vaut la peine. La recette ? un tronc d'arbre creux, ou un tuyau façonné avec de la paille roulée, fermé à chaque extrémité avec de la bouse de vache.

L'une des extrémités est percée d'un trou central permettant d'accéder à l'intérieur du tuyau et lorsque la bouse est bien séchée, on accroche ce tuyau dans les fourches des arbres. Dès qu'un essaim a pris possession de ce logement, il est ramené à proximité des habitations. On attend qu'il ait fait le plein de miel, la colonie est alors enfumée et le miel récolté. Ainsi, l'apiculteur n'a aucun souci : pas de ruches à acheter, pas d'essaimage à combattre, pas d'élevage de reines, de nourrissement ou de rajeunissement des cadres.

Sa recette pour réussir
Les essaims représentent la base d'une réussite historique, sans précédent dans le monde. Transportées au Brésil, en Amérique du sud, par les hommes, les abeilles africaines se sont mélangées aux abeilles européennes. Le résultat, totalement imprévisible, a été l'apparition d'une abeille dotée d'un surprenant instinct de défense et d'une étonnante capacité à s'imposer : l'abeille africanisée, appelée aussi l'abeille tueuse. Arrivée en 1957, elle a investi en vingt ans un domaine aussi grand que l'Europe. En 1994 elle avait franchi plus de 10 000 km et des colonies sauvages s'étaient installées sur toute la surface de l'Amérique du sud et de l'Amérique Centrale allant même jusque dans les états du sud des USA. Sa progression n'a été arrêtée que par les climats plus froids des régions du nord mais avec le réchauffement climatique, jusqu'où ira-t-elle ?

Comment cette abeille est elle aussi performante ? L'abeille tueuse n'accepte que de très jeunes reines qui pondent jusqu'à 4000 oeufs par jour. À peine cinquante jours après sa naissance et dans de bonnes conditions de récolte, l'essaim s'est tellement développé qu'il peut lui-même jeter un nouvel essaim. Ainsi chaque année, chaque colonie engendre jusqu'à huit nouveaux essaims qui se déplacent jusqu'à 50 km de distance. La multiplication par scission et expansion de nombreuses petites colonies est une stratégie qui n'est pas particulière à la seule abeille africaine, mais l'aide à s'imposer dans la nature de manière durable, malgré les feux de broussailles, les voleurs, les maladies et les parasites.

Quelles sont les causes de la fièvre d'essaimage ?
Essaimer est une nécessité vitale pour notre abeille, car inscrit dans le patrimoine génétique de l'espèce. C'est ainsi, qu'apparue sur terre bien avant l'homme, elle a progressivement investi tout le globe, s'adaptant aux différents climats par sélection naturelle, qui va toujours dans le sens de la survie de l'espèce. C'est pourquoi la lutte pour limiter l'essaimage est difficile, elle va à l'encontre d'une nécessité biologique vitale pour l'espèce.

C'est l'un des caractères les plus curieux des m?urs des abeilles. Elles ne cherchent pas seulement à se multiplier dans la ruche, elles vont fonder une nouvelle colonie au loin. Si par la scission de la souche elles s'en trouvent momentanément affaiblies, elles deviennent par la suite extrêmement actives. Non seulement l'essaimage a permis le renouvellement de la reine, mais encore toute la colonie a été régénérée et stimulée par l'accomplissement de cet acte physiologique. Les causes de l'essaimage sont multiples et contradictoires bien que toutes ne soient pas encore définies avec certitude. Toutefois l'expérience montre que les causes les plus fréquentes sont par ordre d'importance :

  • L'encombrement du nid à couvain : (il n'y a plus assez de place pour les abeilles, le couvain et le miel)
  • par des cadres de miel ou de pollen et une population en expansion régulière ;
  • des naissances nombreuses coïncidant avec une forte récolte de miel notamment dans le colza ;
  • des butineuses retenues à la ruche par une longue période de mauvais temps ;
  • des bâtisses défectueuses ou encore la pose tardive de la hausse.

La cohésion de la colonie : Quand une colonie s'est fortement développée et que les abeilles n'ont presque plus de place à leur disposition, les mouvements de la reine deviennent eux aussi restreints. Elle ne trouve plus que difficilement des cellules vides pour y pondre ses œufs, elle se réfugie alors principalement dans la moitié supérieure des rayons et ne va plus que très rarement vers les extrémités inférieures. Lors de ses promenades, la reine répand avec ses tarses (articles des pieds) des signaux chimiques (des phéromones). Une autre phéromone est produite par les glandes mandibulaires. Chez les reines qui pondent des œufs, les glandes tarsales sont particulièrement bien développées. Des expérimentations ont démontré qu'un mélange de deux phéromones tarsales & mandibulaires prévenaient la formation de cellules royales. Quand la reine est bloquée dans la moitié supérieure de la ruche, il y a déséquilibre et des observations ont confirmé que la reine était presque toujours absente du bord des rayons où les cellules royales sont construites.

L'âge de la reine : une colonie dotée d'une jeune reine a moins de risque d'essaimer qu'une autre avec une reine âgée. Une reine de l'année n'essaime presque jamais (2 à 3 % d'essaimage) ; avec une reine d'un an le risque est déjà de 20 % et lorsqu'elle a deux ans c'est 50 %. Conclusion, changeons les reines au minimum tous les deux ans. C'est ainsi que la prévention de l'essaimage ne concerne pas seulement le mois de mai mais toute la pratique apicole annuelle.

La cohésion de la colonie est en partie due à une bonne émission des phéromones de la reine. Si la reine en propage moins, les conditions de l'essaimage augmentent. Plus la reine est en bonne santé grande et grosse, plus elle émet de phéromones et donc moins la ruche essaimera. L'hérédité joue aussi un rôle : certaines souches sont plus essaimeuses que d'autres. Il est donc conseillé de changer les reines des souches qui ont essaimé, de même il est nécessaire de changer les reines des essaims récoltés et de mettre en quarantaine ceux d’origine inconnue.

Comment prévenir l'essaimage ?
Les butineuses doivent pouvoir butiner, les cirières doivent pouvoir construire, les nourrices doivent pouvoir s'occuper du couvain. Il faut donc réserver de la place dans les hausses pour stocker les arrivées de nectar, mettre en place de nouveaux cadres de cire gaufrée à construire, aussi bien dans les corps de ruche que dans les hausses, et veiller à ce qu'il y ait suffisamment de couvain non operculé pour que les nourrices puissent s'en occuper. La répartition des différentes catégories d'abeilles, butineuses, cirières, nourrices joue un rôle important. C'est en changeant cette répartition que l'on peut prévenir l'essaimage : par exemple en déplaçant la ruche pour en perdre toutes les butineuses, en pratiquant un échange de hausses entre les différentes colonies ou aussi en construisant des essaims artificiels. La colonie cherchera toujours à rétablir son équilibre avant de penser à essaimer. Bien entendu, aucune de ces méthodes n'est infaillible.

reve printemps 3

Certaines théories prétendent qu'en enlevant les cellules en formation tous les neuf jours le risque d'essaimage s'estompe. Malheureusement il faut constater que cette méthode n'est pas infaillible, car d'une part les abeilles chercheront avec succès à cacher la prochaine cellule qui échappera à notre vigilance, d'autre part elle laisse perdurer la fièvre d'essaimage, pendant laquelle aucune récolte conséquente ne rentrera.

Que faire lorsque la fièvre d'essaimage s'est emparée d'une colonie ?
Les solutions sont multiples et avec l'expérience chacun préférera la sienne qui dépend bien sûr du matériel utilisé. Sachant que les cellules d'essai-mage sont presque toujours construites au bas des cadres, une méthode très rapide consiste à basculer les corps de ruche, à regarder le dessous des cadres et éventuellement à éliminer les cellules que l'on rencontre. C'est une méthode rapide et expéditive qui ne supprime pas la fièvre d'essaimage mais qui confirme sans grande manipulation que cette colonie à envie de s'évader et qu'il faut s'en occuper très rapidement.   

Pour ce faire, je déplace la souche de quelques mètres. À son emplacement, sur le plancher existant j'installe un corps de ruche dans lequel sont posés au centre deux cadres de couvain avec des cellules ouvertes prélevées sur la souche, un cadre de provisions de chaque côté. Je remplis le reste du corps avec des cires gaufrées. Les butineuses quittent la souche pour aller butiner et toutes reviennent à leur emplacement initial, s'installent dans leur nouvel habitat, choisissent une larve qui sera choyée pour devenir leur future reine dans une cellule appelée cellule de sauveté.

Dans la souche, les cadres prélevés sont remplacés par des cires gaufrées. On élimine toutes les cellules royales, sauf dans le cas où je trouverais l'ancienne reine qui est alors éliminée et je conserve la plus belle des cellules royales. Ayant perdu ses butineuses, la fièvre d'essaimage a disparu. Néanmoins neuf jours plus tard je vérifie quand même si tout se passe comme prévu.

Pour les colonies destinées à la transhumance et qui doivent être renforcées avant de partir; je pose sur l'essaim nouvellement constitué un plateau de fond sur lequel j'installe après contrôle la souche. Au bout de neuf jours, j'enlève le corps avec l'essaim, j'élimine toutes les cellules de sauveté, et je place ce corps au-dessus de la souche sans précaution particulière, j'ai ainsi une colonie très forte sans risque d'essaimage. Pour la parfaite réussite de cette opération, il est conseillé d'intervenir par beau temps et en fin de matinée. Naturellement si je préfère agrandir mon rucher, je laisserai l'essaim artificiel et la souche à leurs emplacements respectifs poursuivre leur chemin.

Lorsque l'essaim parait
Malgré toutes les précautions prises, un essaim peut quand même nous narguer, accroché à une branche à proximité du rucher. Si l'on a la chance d'être présent au moment de la sortie de l'essaim, il est bon de se rappeler la remarquable description qu'en a faite Maurice Maeterlinck dans son livre "la vie des abeilles". Elle renferme à elle seule toute la poésie, toutes les joies de ce moment inoubliable, mais aussi toutes les tâches qui font que, si le mois de mai est le plus joli mois de l'année, c'est aussi celui qui donne le plus de soucis à l'apiculteur et lui occasionne le plus de travail, "C'est le délire du sacrifice, peut-être inconscient, ordonné par le Dieu, c'est la fête du miel, la victoire de la race et de l'avenir, c'est le seul jour de joie, d'oubli et de folie, c'est l'unique dimanche des abeilles. C'est aussi, croirait-on, le seul jour où elles mangent à leur faim et connaissent pleinement la douceur du trésor qu'elles amassent. Elles exultent, ne se possèdent plus. Elles qui ne font jamais un mouvement imprécis ou inutile, elles vont, elles viennent, sortent, rentrent, ressortent pour exciter leurs s?urs, voir si la reine est prête, étourdir leur attente. Elles volent beaucoup plus haut que de coutume et font vibrer tout autour de la ruche, même les feuillages des grands arbres. Elles n'ont plus ni craintes, ni soucis. Elles ne sont plus farouches, tatillonnes, soupçonneuses, irritables, agressives, indomptables... 

...On dirait que toutes les portes de la ville s'ouvrent en même temps d'une poussée subite et insensée, et la foule noire s'en évade ou plutôt en jaillit, selon le nombre des ouvertures, en un double, triple ou quadruple jet, direct, tendu, vibrant et ininterrompu qui fuse et s'évase aussitôt dans l'espace en un réseau sonore, issu de cent mille ailes exaspérées et transparentes.. »

Puis quelques-unes se décident à se poser : un arbre, une clôture, un buisson fait l'affaire. La grappe se forme puis grossit jusqu'à rassembler tout l'essaim et le calme revient. Aussitôt les éclaireuses s'en détachent et se mettent en quête d'un nouveau logis. C'est en principe entre 10 et 16 heures que l'on a le plus de chances d'assister à ce spectacle.

Les abeilles ne piquent pas, ne s'occupent aucunement des spectateurs tenus à distance. On y trouve des abeilles encore chargées de pollen, des faux-bourdons, des jeunes, des plus âgées.

Le premier essaim qui quitte la ruche est dit primaire. Il emmène la vieille reine, lourde, le ventre rempli d'œuf, c'est pourquoi il se pose bien souvent à proximité des ruches et reste assez longtemps en place.

Huit à dix jours plus tard, il n'est pas rare que la ruche rejette un essaim secondaire, celui-ci est plus petit et contient forcément une ou plusieurs jeunes reines. Il se posera beaucoup plus loin et restera très peu de temps en place. Les peuples essaimeurs sont coutumiers de cet exercice et il n'est pas rare de retrouver à l'automne une ruche orpheline. Pour éviter les essaims secondaires, on cherche à repérer la ruche qui a donné l'essaim primaire. Dans une boîte contenant de la farine, on fait tomber quelques abeilles de l'essaim. On secoue la boite pour qu'elles soient bien blanchies et le soir quand l'activité est réduite on les lâchent dans le rucher. Ainsi la ruche qui a essaimé est trahie. On déplace cette souche de quelques mètres et à sa place on installe l'essaim qui le lendemain recueillera toutes les butineuses. Ainsi appauvrie la colonie ne jettera pas d'essaim secondaire.

Programmation de l'essaimage
Huit jours avant le jour du départ, un œuf est déposé dans l'une ou plusieurs des cupules, amorces de cellules royales implantées sur le bord des cadres. Ces cupules sont aussitôt construites et étirées. C'est ainsi que commence l'élevage des jeunes reines et parallèlement les cirières, sur les chantiers de construction, sont atteintes de léthargie, de lassitude et n'ont plus de cœur à l'ouvrage qu'elles abandonnent bientôt. Cinq jours avant le départ, la reine est condamnée à la diète, ainsi elle perd un tiers de son poids et redevient capable de voler, par contre ses capacités de ponte s'effondrent. Cependant le compte à rebours a commencé il y a bien longtemps, les premiers faux bourdons ont été élevés il y a déjà six semaines.

Au moment du départ, ils seront matures et alors prêts pour accomplir leur unique devoir : l'accouplement.

Environ deux semaines avant le grand départ, des éclaireuses commencent déjà à repérer dans les environs des possibilités de relogement. Quelques heures avant l'envol les partantes remplissent leur jabot de nourriture. Un essaim de trois kilos transporte un kilo de miel.

Le signal du départ est une danse frétillante très excitée et des sortes de cui cui qui ne mobilisent tout d'abord que quelques ouvrières, dix minutes plus tard, la colonie est saisie d'une grande frénésie.

Qui décide alors que telle abeille est partante et telle autre devra rester pour assurer la survie de la souche ? Le mystère reste entier car on y trouve des abeilles encore chargées de pollen, des faux bourdons, des jeunes, des plus âgées. C'est plus de mille abeilles /minute qui s'élancent du trou de vol avec la vieille reine, environ 50% de la population de la colonie. L'essaim s'élance vers sa nouvelle existence avec beaucoup d'abeilles, de nourriture et sa précieuse reine dans un bourdonnement intense, en rangs serrés. Il se forme alors un nuage composé de milliers d'abeilles joyeuses et aucunement agressives qui volent frénétiquement dans un rayon d'une trentaine de mètres à faible hauteur.

Le comportement d'une colonie avant l'essaimage est véritablement perturbé et l'envol de l'essaim intervient comme une délivrance qui supprime toutes les tensions accumulées.
Les abeilles restantes héritent certes d'une habitation avec des cadres de provision et de couvain, mais sont provisoirement sans chef,; un risque équitable et partagé. En effet l'essaim est parti juste après l'operculation des cellules royales amorcées, donc cinq à sept jours avant la naissance d'une de ces nouvelles majestés.

En route pour de nouveaux horizons
Entre dix et vingt minutes plus tard la frénésie se calme et les abeilles se rassemblent à proximité du rucher - elles forment une grappe qui constitue maintenant une nouvelle communauté organisée. La phéromone royale agit pour son union et sa solidarité. Si la reine manquait à l'appel (par exemple si par suite d'une aile clippée elle avait manqué son envol et était tombée dans l'herbe) toutes les abeilles retourneraient à la souche. Les butineuses aussi participent à leur manière à la répartition des phéromones. Elles battent le rappel en libérant à partir de la glande de Nasanov des composants volatils sentant le citron et le géranium ; parfums utilisés pour fabriquer des leurres attirant les essaims.

Les apiculteurs brésiliens ne créent pas de nucléis, ils s'approvisionnent directement dans la nature et constituent leurs colonies avec des essaims sauvages qu'ils ont attirés dans des pièges en carton parfumés avec des extraits de citronnelle.

La grappe est protégée du froid et de la pluie par un manteau extérieur, formé d'abeilles fortement serrées les unes contre les autres. Sur le manteau extérieur de la grappe, on peut observer des éclaireuses qui chacune vante le lieu de nidification qu'elle a découvert. Son emplacement et son éloignement sont précisés comme pour les récoltes, par des danses frétillantes. Le logement retenu sera celui que le maximum d'éclaireuses aura trouvé correct et approprié. Après une décision que l'on pourrait qualifiée de démocratique, l'essaim s'envole vers cet emplacement.

Les situations privilégiées sont des cavités d'environ 40 litres, avec une entrée au sud ouverte au bas de la cavité, d'à peine 4 centimètre d'ouverture. Des expériences très pointues ont démontré que les abeilles n'évaluent pas le volume de leur nouvel habitat avec les yeux, mais avec leurs pieds en marchant systématiquement sur toutes les parois. On peut tromper l'abeille dans ses calculs, en faisant pivoter lentement la cavité, qui peut alors lui apparaître plus grande ou plus petite.

Les essaims se déplacent en un vol compact. Bien que se déplaçant à une vitesse variant de 11 à 20 kilomètres à l'heure, les abeilles maintiennent entre elles un écartement constant - une prouesse stupéfiante.

Par contre on n'a pas encore pu déterminer si elles s'orientent d'après les indications des éclaireuses ou d'après le bruit du vol des abeilles de tête, les ouvreuses. A peine arrivées, elles entrent en toute hâte et immédiatement la construction des rayons commence. Si la cavité contient déjà des rayons même fortement endommagés, ils sont de suite réhabilités. Et dès que possible la reine recommence à pondre.

Dans un langage mystérieux, chaque abeille sait immédiatement ce qu'elle doit faire, pour qu'une vie normale s'organise. Les butineuses n'oublient d'ailleurs pas l'emplacement de leur précédente demeure ; elles l'utilisent quelquefois comme relais, pour retrouver des aires de butinage très productives.

Que devient la souche ?
Environ huit jours après le départ de l'essaim, la première jeune reine vierge sort de sa cellule. Pendant que sa maturité se développe, elle assiste à la naissance journalière de 2000 jeunes abeilles, fruits des oeuvres de sa mère, qui viennent renforcer la population de la colonie.

Si la fièvre d'essaimage n'est pas encore tombée, elle tolère la présence de ses soeurs enfermées dans leurs alvéoles ; on peut alors entendre le soir, des tut émis par les vibrations des ailes de la reine libre, auxquels répondent les couac des reines captives. C'est ce que l'on appelle le « chant des reines ».C'est le signal du prochain départ, une dizaine de jours après l'essaim primaire, d'un essaim secondaire plus petit que le premier qui emporte la jeune reine libre et un certain nombre des reines qui étaient séquestrées avec presque la moitié de la population restante.

Mais le plus souvent, la première née recherche et met à mort ses rivales pour assurer seule, sa royauté. Elle va ainsi se débarrasser de ses soeurs puînées, en déchirant par le coté la cellule d'élevage afin de pouvoir les piquer avant leur naissance. Les ouvrières assistent à ce carnage avec inquiétude car, que se passera-t-il si la jeune majesté ne rentre pas de son vol nuptial et il arrive fréquemment qu'elles fassent la grappe entourant les cellules pour interdire ce massacre tout en repoussant la reine.

Cinq jours après sa naissance, elle est devenue mature. Dans les jours qui suivent (de un à sept maximum suivant les conditions météo), elle s'élance pour le vol nuptial et s'accouple avec de nombreux faux bourdons qui en perdront la vie. Dès son retour elle commence à pondre. Ce n'est que cinq à six semaines plus tard, soit avec trois semaines de retard sur l'essaim, que de jeunes abeilles viendront renouveler la population de la souche.

Le vol nuptial
Le ciel est clair, dégagé et lumineux, la température dépasse les 20°, il est environ midi. Poussée par les ouvrières la reine vierge apparaît sur le seuil de la ruche et ayant accroché ses ailes elle s'élance. La tête toujours dirigée vers le seuil de sa maison, en courbes qui hésitent, elle monte en élargissant les cercles. Elle s'oriente avec une attention méticuleuse, une prudence tatillonne, il s'agit de reconnaître sa ruche parmi toutes celles qui l'entourent et les points de repères environnants. Puis rassurée, elle se tourne vers l'azur et fonce vers l'endroit où son instinct l'appelle. Elle rejoint un lieu de rassemblement des mâles, un des lieux où par beau temps, tous les males des ruchers environnants dans un rayon de plus de 10 km se retrouvent et attendent la passage des reines à féconder,ainsi la fécondation croisée est garantie.

La reine est repérée grâce aux émanations de sa glande mandibulaire. Les faux bourdons réunis en essaim la suivent, soudain un mâle se cramponne à l'arrière de la reine et l'agrippe sur les côtés avec ses pattes postérieures, le couple formant une figure en S. Tout le processus de copulation ne dure que quelques secondes et la reine est de nouveau poursuivie par l'essaim des mâles, c'est pourquoi un grand nombre de copulations se suivent en quelques minutes. L'éjaculation sépare le mâle de la reine, il tombe au sol et meurt.

La jeune reine revient à sa ruche et se pose épuisée au seuil de sa demeure. Seules les gardiennes qui l'ont flairé au passage la remarquent, lui font escorte et s'empressent de la servir. Elle ne sera vraiment considérée, honorée et adulée par toute la ruchée, que deux jours plus tard, lorsque son abdomen gonflé lui permettra de garnir les cellules vides avec de petits bâtonnets brillants.

Conclusions
L'essaimage de nos colonies est une fonction naturelle qui garantit la régénération de l'espèce et sa dispersion dans l'espace naturel. De plus il sert aussi à lutter contre les maladies, principalement les maladies du couvain. Les cadres infectés par la nosémose, la loque ou encore par la fausse teigne sont abandonnés à leur sort et l'essaim qui s'en va, reconstitue une colonie indemne de toute parasitose.

L'apiculteur au contraire, souhaite des colonies qui se développent fortement et deviennent productives sans essaimer, car les colonies qui essaiment ne construisent plus et récoltent peu, les essaims sont souvent perdus surtout si l'apiculteur vit loin de son rucher ; de plus les souches qui ont essaimé demandent une attention particulière pour éviter qu'elles s'effondrent.

Quelle stratégie allons-nous mettre en œuvre ? Elle dépend de l'apiculteur

  • Soit maîtriser l'essaimage : en équilibrant les colonies (prendre des cadres de couvain operculé aux colonies fortes pour les donner aux faibles, ils seront remplacés par des cadres de cire gaufrée), en constituant des essaims artificiels
  • Soit laisser faire la nature. Ceci implique de résider à proximité du rucher et d'exercer une surveillance attentive des signes précurseurs du départ de l'essaim. C'est toujours un plaisir intense d'assister à l'envolée de ce tourbillon d'abeilles.

Installation de pièges à essaims
Nous avons vu ci-dessus, que quinze jours avant le départ de l'essaim des éclaireuses sont déjà à la recherche des possibilités de relogement. Il semble donc tout naturel de devancer leur recherche et de leur proposer des habitations qui sentent bon l'abeille et qui avec un peu de chance puissent retenir leur attention. C'est pourquoi la littérature recommande d'installer des ruchettes pièges dans les alentours du rucher.

En règle générale il a été constaté que tous les essaims issus d'un même rucher se dirigeaient dans le même couloir. C'est donc dans ce couloir que nous poserons nos ruchettes. Les pièges sont installés à l'abri du vent, à l'ombre, sur des supports solides (ne pas omettre le poids de l'essaim) ou accrochés aux arbres à une hauteur de 1,50 à 2,00 mètres au-dessus du sol. L'emplacement des pièges où l'on a capturé des essaims les années précédentes sera privilégié, car tous les ans des essaims y reviendront. Dès qu'un piège aura été occupé, il faudra de suite le remplacer par un piège vide. Il faudra bien repérer les emplacements choisis par les fugueuses qui seront les plus attractifs. Ce sera utile l'an prochain. On dispose les ruchettes dans des endroits ombragés mais malgré tout largement éclairés, là où l'ombre joue avec la lumière : des lisières de bois, des clairières. Il faudra surtout éviter les lieux où règne une ombre froide et humide.

Les ruchettes pièges peuvent avoir toutes sortes de formes. L'on peut utiliser des ruchettes de 4 à 6 cadres, un corps de ruche standard, un ancien panier (le panier est le meilleur des pièges si l'on est sûr de pouvoir le vider chaque soir). Pour être attirant, ces pièges devront avoir contenu des abeilles, être fortement propolisés. Ils seront aménagés comme une ruche de service, l'entrée tournée au sud sud-est, munie d'une fermeture à glissière réduite à 7 mm pour éviter l'intrusion des souris, une planche d'envol légèrement débordante pour que les éclaireuses puissent se poser avant l'inspection de l'intérieur.

Les pièges seront amorcés avec des cadres de vieille cire noire. Pour éviter que la fausse-teigne n'attaque les cires, ces cadres seront disposés en respectant chaque fois l'intervalle d'un cadre absent. L'un des cadres pourra contenir des restes de miel, son parfum attirera à coup sûr les éclaireuses. Les pièges ne doivent pas être posés et oubliés, il est important que la présence de l'apiculteur dissuade les parasites de s'installer.

Si le jeune apiculteur ne dispose que matériel neuf, il lui faudra faire disparaître les odeurs dues au bois frais. Il faudra frotter les parois, le fond et le dessous du couvre cadres avec une boule de propolis. On peut aussi vaporiser à plusieurs reprises de l'eau miellée où de l'eau de cire. Comment obtenir de l'eau de cire ? En broyant des rayons noirs qui contiennent encore du pollen, le faire bouillir dans un faible volume d'eau pendant quelques minutes, laisser refroidir puis filtrer. Le liquide noirâtre ainsi obtenu additionné de quelques cuillerées de miel constitue un produit attractif de première catégorie, supérieur à l'eau miellée et à tous les produits spécifiques du commerce. Certaines plantes par leur parfum pénétrant attirent plus particulièrement les abeilles, notamment la citronnelle, la mélisse ou la verveine citronnelle, plantes répandues dans nos jardins.

On trouve aussi dans le commerce des produits dénommés attire essaims, rapt essaims avec lesquels on peut frotter le fond de la ruche, les parois et le dessous du couvre cadres. Ces produits très parfumés mais très volatils doivent être renouvelés fréquemment.

Il existe aussi des leurres rappelant la phéromone royale.

Récolte des essaims
Chaque apiculteur aura naturellement préparé longtemps à l'avance tout le matériel nécessaire pour récupérer les essaims. Une ruche vide désinfectée, des cires bâties ou gaufrées, balayette, louche, seau, enfumoir etc. Si l'essaim qui sort de la ruche n'est nullement agressif car gavé de provisions, il faut être prudent, car au fur et à mesure que les réserves s'épuisent, l'instinct défensif de l'abeille reprend le dessus.

Il n'y a pas de méthode type pour enrucher un essaim, mais il en existe autant que de situations. Sitôt la grappe formée, pulvériser un peu d'eau sur celle-ci, de manière à ce que les abeilles se resserrent et forment une couverture avec leurs ailes et ne songent plus à s'envoler. Selon sa forme, son volume, son emplacement, il pourra être :

  • vidé au-dessus d'une ruche équipée de ses cadres,
  • ramassé dans un seau ou une boite en carton, transféré au rucher et vidé dans une ruche,
  • dirigé au soufflet vers le trou de vol d'une ruche préalablement posée à proximité,
  • enlevé avec son support et secoué soit devant une ruche, soit directement dedans etc.

Il faut s'adapter à chaque situation et improviser, sans oublier que les abeilles suivront leur reine et non l'apiculteur. Si la reine accepte le logement proposé, les ouvrières l'accepteront. Si la reine le refuse et en repart, les ouvrières le refuseront. Aussi, lorsqu'on leur propose une ruche n'ayant jamais servi, il est prudent de la frotter avec un produit du commerce appelé le « charme abeilles » ou tout simplement avec de la propolis. Lorsque les dernières abeilles de l'essaim sont rentrées, on peut laisser la ruche sur place jusqu'au soir en la protégeant des ardeurs du soleil ou bien on peut la ramener dûment fermée et la déposer au frais, par exemple dans la cave. Ce sera toujours prudent s'il s'agit d'un essaim secondaire. Elle sera installée définitivement au rucher à la nuit tombante. Le meilleur moyen de fixer un essaim consiste à lui donner un cadre de jeune couvain à élever. L'acceptation est alors totalement assurée et il va rapidement se mettre à l'ouvrage.

Quelques récupérations s'avèrent souvent difficiles : dans un grillage, dans un buisson impossible à secouer. Il faut alors utiliser un vieux cadre que l'on rapproche de l'essaim. On récupère une petite grappe d'abeilles, puis on recommence avec un deuxième cadre et enfin un troisième. A un certain moment, les ventileuses battront le rappel et toute la troupe rejoindra la maison. Ceci est particulièrement efficace pour les essaims étalés dans l'herbe ou au pied d'un arbre. On peut activer le déplacement des abeilles avec un peu de fumée à l'arrière de la masse en mouvement. Si par contre l'essaim est placé très haut, confectionner une sorte de cueille-essaim avec une perche, un anneau de fer et un sac plastique. Placé sous l'essaim secoué énergiquement il permettra de recueillir les abeilles et en général la reine. Si ce n'est pas le cas la réponse sera rapide, toutes les abeilles décrochées de la grappe regagneront celle-ci ou la reconstitueront sur une branche proche. Si l'essaim est vraiment difficile à récupérer, on peut lui présenter entre deux perches quelques cadres qui se rapprocheront au maximum de la masse des abeilles. Il n'est pas rare à ce moment là, qu'avec la fraîcheur de la nuit les abeilles se réfugient sur ces cadres.

Comment ne pas perdre les essaims que l'on ne peut éviter ? C'est une technique un peu barbare mais dont le résultat évite la perte d'un essaim. Avec un très bon ciseau on coupe le quart d'une aile de la reine. Au moment du départ de l'essaim cette reine déséquilibrée tombe sur le sol devant la ruche. Les abeilles accompagnatrices resteront un certain temps auprès d'elle pour la protéger, mais petit à petit elles regagneront la ruche ; seules resteront quelques fidèles qui attendront la mort avec elle. La fièvre d'essaimage n'est pas retombée pour autant. L'essaim qui voulait partir partira avec la première reine éclose et celui-ci sera beaucoup plus gros que le premier. De plus très souvent ces essaims vont se percher à de très grande hauteur et sont malheureusement souvent irrécupérables

Propriété d'un essaim
L'article 209 du code rural précise que le propriétaire d'un essaim a le droit de le réclamer et de s'en saisir tant qu'il n'a point cessé de le suivre ; autrement l'essaim appartient au propriétaire du terrain sur lequel il s'est posé. Surtout ne vous démoralisez pas si votre ruche essaime. Une apiculture sans essaims c'est un peu comme un western sans Indiens.

L'essaimage est-il une plaie ou une félicité ?
Nous avons vu que l'essaimage est pour l'abeille le moyen naturel de se reproduire et d’assurer la survie de l'espèce. Le point de vue de l'apiculteur est différent, l'essaimage lui apporte un surcroît de travail, quelquefois la perte de l'essaim et une perte de revenus par manque de récolte. Mais faisant contre mauvaise fortune bon cœur, l'apiculteur se console en disant avec humour :
Essaim de mai vaut un char de blé.
Essaim de juin vaut un char de foin.
Essaim de juillet ne vaut pas une miette.

Bonnes récoltes.
F. Anchling