Avec l'aimable autorisation de la revue du SNA - Abonnez-vous à l'Abeille de France
A la recherche du miel le plus cher du monde
Thierry Sergent
Si on se soucie peu de ceux qui se situent aux premiers échelons, la célébrité de ceux qui caracolent en haut n’est plus à faire. Le tabac a son cigare, et les plus prisés sont produit à Cuba. Pour le vin, la France est la mieux placée avec son célèbre champagne…
Mais qu’en est-il du miel ?
Curieusement, si l’on peut désigner le succulent miel de sapin des Vosges comme le plus onéreux de ceux produits en France, au niveau international c’est le miel le moins cher que nous connaissons tous, celui produit en Chine, qui tire les prix vers le bas ! Pourtant, comme pour tous les autres produits, le miel atteint parfois des records qu’il est indispensable de connaître et de revendiquer. Ce sont eux qui se situent autour de la vraie valeur du miel, produit noble et précieux. Il faut appréhender toute la gamme des prix pour mieux se rendre compte à quel point cette denrée est couramment sous-évaluée !
Alors ! A qui revient la palme ? Quel somme maximum peut-on mettre dans un kilo de miel ?*
Une information émanant de cadres commerciaux faisait état d’un miel se vendant, en Arabie Saoudite, autour de 1000FF (153 euros) le kilo ! Et ce produit de luxe proviendrait d’un pays se situant, lui aussi, dans la péninsule arabique : le Yémen !
Est-ce vrai ?
Si oui, pourquoi mettre ce prix ? Quel goût divin ce nectar doit avoir pour atteindre ce sommet ?
Nous sommes allés y voir plus clair !
A - Le Yemen
L’apiculture est omniprésente dans le pays. Des hautes montagnes du Nord-Ouest jusqu’au désert d’Arabie au centre, et on se demande vraiment comment des colonies peuvent survivrent au milieu des dunes de sable ?
Si l’on retrouve des ruches régulièrement dans chaque hameau et dans chaque village, une population importante d’apiculteurs, conduisant de 100 à 400 colonies, existe. Ils vivent, mangent et dorment à côté de leur cheptel, un peu comme des bergers, en fonction des saisons. La base de la structure sociale est la famille élargie, aussi, on trouve toujours quelqu’un auprès des ruches. Cette proximité de vie entre ces hommes et l’abeille, fait des yéménites des apiculteurs débrouillards et observateurs. Enfin, ce peuple de la Péninsule Arabe, fier et hospitalier, nous a consacré du temps, nous ouvrant autant de ruches que l’on souhaitait, nous invitant souvent à partager leur repas.
Le fait que nous nous intéressions à leur métier d’apiculteur les a touché. Une reconnaissance et une compréhension se sont effectuées, au-delà des notions de race ou de religion, car nous partagions la même passion.
B - Les Abeilles : « Apis yemenitica »
Dans toute la péninsule arabique on retrouve la même race d’abeille, « l’Apis yemenitica ». Il s’agit d’une petite abeille, de couleur jaune, extrêmement douce, ne piquant pratiquement pas. Sa caractéristique fondamentale semble être sa taille. En effet, lorsqu’on lui donne à bâtir une feuille de cire gaufrée aux dimensions standards en occident (soit 780 cellules d’ouvrières au dm2), l’abeille du Yémen élève des mâles dans les alvéoles prévues pour recevoir des ouvrières.
Globalement, la période d’activité correspond au cycle des saisons de pluies. De mi-décembre à mi-mars, la sécheresse s’installe, les abeilles ralentissent tout travail. Puis, à partir de mi-mars, les différents types d’acacia commencent à fleurir. Les essaimages naturels se situent de fin avril à début mai. Au cours de l’été, les abeilles vont visiter diverses plantes, notamment les labiées, dont la flore du Yémen est riche. Enfin, à partir du mois de novembre, commence la floraison du jujubier (« Zizyphus spina christi »), et ceci jusqu’à mi-décembre ; sa floraison dure 40 jours.
Le facteur limitant la production de miel est la sécheresse. Aussi, les rendements par ruche et par an se situent entre 2 à 5 Kg. Des pics de production correspondent aux floraisons d’acacia et, en fin de saison, au Zizyphus.
C - Les Maladies, les Prédateurs
Hormis le facteur récurent de la sécheresse qu’appréhendent tous les apiculteurs, le « Varroa jacobsoni », omniprésent au Yémen, est le problème premier. Curieusement pourtant, si son apparition est récente, 5 à 6 ans, tous les témoignages nous on confirmé que le Varroa n’a pas un impact fatidique sur le cheptel apicole. Pourtant, les moyens de le combattre sont souvent dérisoires et insolites.
Dans une région située entre « Al Mahwit » et « Al Kadâm », le traitement anti-varroa local est la peau de hérisson ! En effet, lorsqu’on trouve un hérisson, on le mange, puis on garde sa peau avec les piquants que l’on coupe en lanières. Le lendemain on approche ces morceaux près des ruches et on dépose une braise sur les piquants. La fumée âpre qui se dégage est orientée, en soufflant, vers les ruches. Selon eux, ce traitement ferait tomber les varroas sur le plancher de la ruche ! !
Pour beaucoup d’apiculteur, les moyens de lutte contre le varroa sont inaccessibles. Des lanières anti-parasitaires existent bien, mais celles-ci sont trop loin dans les grandes villes, et surtout trop chères. Aussi, la réponse à l’infestation est souvent rudimentaire, elle consiste à retirer tout le couvain de mâles quand il est trop parasité ; voire même du couvain d’ouvrières. Mais, si le pic d’infestation de varroa correspond à la saison sèche, de mi-décembre à mi-mars, tous les apiculteurs s’accordent à dire qu’après, dès que les floraisons reviennent, le varroa perd son emprise dans les colonies et ne réapparaît qu’avec le retour de la sécheresse. Dans tous les cas, on ne nous a jamais fait part de pertes très importantes ou totales de colonies d’abeilles du fait du Varroa jacobsoni. Plusieurs hypothèses peuvent être avancées pour expliquer ce phénomène :
- la petitesse de l’Apis yemenitica ?
- la chaleur du climat ?
- Il y a matière à faire des recherches dans ce domaine …
A part cela, il ne semble pas y avoir des problèmes majeurs ; la loque serait inexistante, certainement du fait de la chaleur. Les cas de diarrhée des abeilles sont reconnus, en lien direct avec les floraisons du palmier dattier. Aussi, les apiculteurs les évitent.
D’autre part, nous avons constaté la présence de nombreux frelons qui deviennent, lors de la floraison du Zizyphus, un problème important. Des pièges, constitués de boîtes métalliques grillagées, percées d’entonnoirs et appâtées d’un morceau de poisson, sont disposés et capturent ainsi les frelons.
D - Les Ruches
Il existe différents types de ruches, mais rares sont les modèles que l’on retrouve selon les normes internationales. Du fait du climat yéménite, le standard le plus adapté est la ruche modèle Langstroth. Ses utilisations se comptent sur les doigts de la main. Mr Mohammed Abdel Karim Al Moukafi, probablement l’apiculteur le plus important de la capitale « Sanaa », travaille en « Langstroth », avec, pour chaque ruche, un système de glissière afin de réduire l’entrée, ne laissant que trois à quatre centimètres d’ouverture, et ceci afin de se prévenir du pillage, fréquent en saison sèche. Mais les apiculteurs équipés ainsi sont rarissimes. Pour les autres, les ruches « classiques » se déclinent en plusieurs modèles mais selon un même principe : pas de cadre mobile, une forme longitudinale, entre 1,50m et 2m pour une section de 15 et 20cm de côté. On retrouve ce principe avec plusieurs variables :
- les casiers en bois de pin qui possèdent une entrée frontale, avec un verrou individuel. Sur la porte avant, une petite ouverture triangulaire permet aux abeilles de sortir ; la forme allongée et la section carrée de ces ruches permet des empilements parfois impressionnants pouvant atteindre des centaines de colonies. Pour la récolte de miel, on récupère les cadres de cire qui sont ensuite pressés. Ce modèle est le plus courant.
- on trouve ensuite les modèles allongés et ronds, 20cm de diamètre, en terre cuite. Les ruches sont disposées individuellement, sur des supports faits de fer à béton ayant une forme en M.
L’entrée des abeilles se fait par un goulot plus étroit rappelant le bec verseur d’une amphore. Sur le côté opposé de cette petite entrée, à l’arrière du « tuyau », il n’y a pas de fond. Se présente donc une ouverture de tout le diamètre qui est bouchée soit avec du bois, soit avec une mousse au revêtement plus dense, côté soleil. Ces mousses sont fabriquées spécialement à cette fin. C’est par ce côté large que s’effectuent les travaux d’apiculture. En fait, ce type de ruche est destiné à la production de galettes rondes de miel en rayon. Elles sont vendues dans des boîtes en métal et sont d’un diamètre identique à celui des ruches en terre cuite. Ce produit est très apprécié par le consommateur qui y trouve une garantie dans l’origine du miel. Afin d’obtenir des rayons de cire ayant une forme circulaire bien droite et occupant tout le diamètre de la ruche, les apiculteurs interposent entre chaque rayon de cire des baguettes de bois disposées en forme de croix. « Les intercalaires » incitent les abeilles à construire un autre rayon de cire, bien droit et parallèle au précédant.
Ces ruches en terre cuite sont toutes recouvertes de couvertures, de cartons ou de toiles de jute afin de se prémunir du soleil.
Pour obtenir ce produit très recherché, les galettes de miel en rayon, il nous a été présenté le dernier né : un modèle de ruches rondes issu de l’imagination des apiculteurs du terrain. Il s’agit d’un tuyau en P.V.C de 20cm de diamètre ! L’intérieur de ce tuyau est doublé d’un isorel fixé au rivet « pop ». Cet isorel ne recouvre pas tout le diamètre interne du tuyau. Un écart de 3cm est laissé en bas de ce dernier. Il a pour fonction de canaliser l’écoulement de miel lors des récoltes de cadres de cire afin d’éviter aux abeilles d’être trop engluées ! ! Pour fermer les extrémités on retrouve là aussi les bouchons en mousse spéciale.
Les autres modèles de ruches que nous avons trouvé sont moins fréquents, car certainement, actuellement dépassés. Il s’agit de troncs d’arbres évidés, en bois de Zizyphus, disposés horizontalement, ou encore, de ruches tressées avec des roseaux que l’on enduit d’un mélange terre et bouse de vache. Les ruches tressées, aux mêmes dimensions que les autres, ont elles aussi la forme de troncs évidés.
E - Les Apiculteurs
La proximité de vie entre ces hommes et leurs abeilles, ainsi que le manque de matériel industriel spécifique à l’apiculture font que, finalement, la débrouillardise et l’observation sont les qualités des apiculteurs du Yémen.
On retrouve cette imagination débordante dans les différentes formes d’enfumoir utilisées. Très souvent on se sert de la bouse de vache séchée au soleil sur un mur en pierre. On décroche un morceau de bouse durci, on lui dépose une braise de bois, on souffle et cela dégage une belle fumée blanche. Cet enfumoir rudimentaire est très efficace, il se consume lentement et il ne s’éteint pas.
Nous avons relevé aussi l’enfumoir constitué de morceaux de toiles de jute pliées de façon très serrée. On obtient un amas compact de toiles en forme de toupie. Là aussi, on dépose une braise et la fumée s’échappe en soufflant. Mais, pour donner une agréable odeur à cette fumée, les sacs en toile de jute ayant contenu de l’encens produit de la sève du Boswelia spécifique au Yémen, est le plus recherché.
Enfin, l’enfumoir le plus rudimentaire que nous ayons trouvé est obtenu en faisant brûler une branche de palmier dattier. On frappe le sol avec cette branche pour éteindre le feu, il en résulte une forte mais éphémère fumée.
On retrouve ce foisonnement d’idées dans les outils usuels : brosse à abeille avec des plumes d’oiseaux, cage à reine sculptée dans un bambou, extracteur manuel avec pédalier de vélo, mais aussi, dans les pratiques apicoles.
Les ruches utilisées principalement sont les casiers en bois ou les ruches en terre cuite. Dans les deux cas, ces modèles ne permettent pas de diviser les cadres pour obtenir des essaimages artificiels. C’est donc par la capture des essaims que ces apiculteurs repeuplent leurs ruches. Cette opération se déroule ainsi : un essaim pend à l’extrémité d’un acacia à environ 1,50m ou 2m. On dépose une grande natte plate circulaire juste sous cet essaim. Ensuite, l’apiculteur se remplit la bouche d’eau. Il souffle sur la grappe pour pulvériser des gouttelettes qui vont alourdir les abeilles. Puis, on secoue vigoureusement la branche pour faire tomber l’ensemble de l’essaim qui vient s’étaler sur la natte. Les abeilles, engluées par l’eau, ne volent pas, elles courent. L’apiculteur cherche la reine parmi cet ensemble, puis, quand il la trouve, la met dans une cage de confection locale et dépose le tout dans une ruche vide. Lorsque les abeilles auront rejoint leur reine, l’apiculteur la délivrera.
F- Le Marché du Miel, la clientèle Arabe
Dans les grandes villes au Yémen, on trouve des boutiques vendant du miel à tous les coins de rue. Elles sont toutes bien mises en valeur, avec une décoration cossue, signifiant aux clients potentiels qu’ils trouveront, à l’intérieur, des produits de luxe. D’ailleurs, ces boutiques associent parfois la vente du miel avec d’autres produits de haute gamme, tels que les parfums.
C’est donc dans un décor de lambris verni et de miroirs clinquants que s’effectue ce commerce.
Le miel conditionné dans les galons, est vendu au poids. Les galettes de miel en rayon de cire, produit à grande valeur ajoutée, est vendu dans des boîtes hermétiques métalliques de 20 cm de diamètre.
Mais, ce qui confère au miel toute sa valeur, c’est l’approche du consommateur avec ce produit, bien différente que celle que l’on trouve en occident.
Au Yémen, le miel est surtout acheté pour ses propriétés médicinales, on le consomme peu comme sucre, d’ailleurs, on ne le trouve que rarement dans la cuisine yéménite, tout au plus dans quelques desserts. A part cela, le miel est utilisé comme panacée pour soigner les maux de ventre, les coliques, les intestins, le foie, les brûlures et les blessures. Ce sont des vertus qui donnent aux miels leurs vraies valeurs. Et, leurs prix varient donc en fonction des réputations médicinales qui leur sont attribuées. A noter qu’il existe, en amont de cela, une classification de genre, dans la tête des consommateurs yéménites. Pour eux, il y a deux types de miel, selon qu’il soit issu de fleurs sauvages ou de plantes cultivées. Dans le premier cas, la valeur commerciale du miel sera importante car on lui attribuera des propriétés médicinales. Par contre, les miels issus de plantes cultivées sont supposés ne pas contenir de vertus soignantes. Ils sont donc consommés comme sucre et ont un prix similaire à ce que l’on retrouve en France, de 4euros à 6 euros le kilo. Il s’agit des miels d’importation provenant des Etats Unis et d’Australie.
Bien heureusement, pour les apiculteurs du Yémen, ce sont leurs produits qui bénéficient de la meilleure réputation.
Toutes les couches de la société achètent du miel. Les riches le mangent pour être en bonne santé et par gourmandise, les pauvres l’achètent pour se soigner. On se procure donc du miel en fonction de ce que l’on veut guérir. Par exemple, le miel de « Soufra » (acacia à petites fleurs blanches), est vendu pour ses propriétés emménagogues. C’est un miel « chaud » idéal pour les femmes après l’accouchement. On peut aussi l’associer à d’autres produits qui donneront, finalement, d’autres vertus : 250 gr des miel de « Soumar » +3 cuillerées de pollen+2 cuillerées de graines de nigelle, c’est une potion prescrite pour soigner la toux.
A chaque miel correspond une nosologie précise, et, par conséquent, une valeur marchande. Et, on retrouve en tête de cette liste, un miel dont la réputation est telle, au Yémen, que bien souvent les apiculteurs déclarent en produire. Il s’agit du miel de Zizyphus spina-christi. Il est vendu au Yémen entre 45 et 60 euros le kilo (300 à 400Frs) et est revendu en Arabie Saoudite à 150euros le kilo (1000 Frs).
G - Le Miel plus cher du Monde est le Ziziphus Spina-Christi (Jujubier Sauvage)
Sisyphus spina-christi (L.) Willd. Jujubier sauvage, jujubier épine du Christ, ulb, arj, sidr, bouar, helb, ssêdr …
Arbre (ou arbuste, jusqu’à 12m de haut) épineux, du Moyen et Proche Orient, des zones sèches (Sahara, Sahel) de l’Afrique (cultivé en Afrique orientale).
Les jeunes branches sont blanches, les feuilles sont pubescentes à la face inférieure, vertes des deux côtés, elliptiques et obtuses. Elles mesurent 4,5cm de long sur 2cm de large. Le sommet du limbe est mucroné et les marges finement dentées. Les fleurs sont vertes blanchâtres et réunies en cime plus ou moins fournies.
Les fruits de forme sphérique (1cm), passent en mûrissant du vert à l’orange puis au rouge foncé brun. Ce sont des drupes peu charnues, le noyau renferme en général deux amandes. La floraison a lieu essentiellement à la saison des pluies estivales.
Le jujubier sauvage est répandu dans tout le Yémen à l’exception de la frange côtière, des sables de l’Est, et des montagnes au-dessus de 2500 m. Il est commun presque partout mais est plus particulièrement abondant autour des cultures et dans les plaines alluviales cultivées. C’est le plus utilisé de tous les arbres dans l’économie traditionnelle yéménite. Son bois a une grande valeur pour la fabrication de poutres et une bonne réputation de durabilité. Ses branches feuillées sont une réserve de nourriture pour les chèvres et les dromadaires durant la saison sèche. Les branches mortes sont largement utilisées sous le nom de « ZERB » pour faire des clôtures épineuses et les fruits sont parfois vendus sur le marché ou aux bords des routes. Ils sont consommés principalement par les enfants. Les amandes sont également vendues pour leurs propriétés médicinales.
La région de production du miel de Zizyphus se situe au Centre Ouest du pays, dans le secteur de l’Hadramout.
Il s’agit d’une région majestueuse que l’on trouve à environ 175Kms au nord de la ville côtière d’Al Moukalla.
Pour l’atteindre, on traverse un long désert constitué d’un plateau rocheux plat et très aride que les yéménites appellent le « Dôle. Ce paysage lunaire devient monotone quand, subitement, une grande vallée verte se déploie sous nos pieds, à 100m en contre bas d’une falaise abrupte. Le contraste est saisissant. Ce canyon est appelé « Wadi ». Il en existe ainsi tout un réseau qui se ramifie, avec, au milieu de chacun, un cour d’eau. Ces « Wadis » forment une longue oasis où se succèdent des zones de culture constituées de sorgho, de dattier, de luzerne, …, et des villages où s’imbriquent de hautes maisons de terre, typiques de la région.
C’est le milieu idéal pour l’épanouissement du Zizyphus qui atteint parfois des tailles considérables. Dans tout le réseau des Wadis de la région de l’Hadramout, le miel de Zizyphus tient une place majeure dans l’économie locale. Les ruchers sont partout.
Et, la meilleure réputation de qualité du miel du jujubier provient du « Wadi Dowan » autour de la ville de Sîf. En effet, là-bas, la vallée n’est pas suffisamment large pour contenir des cultures importantes, aussi, seuls les Zizyphus produisent du miel au moment de la floraison.
Les propriétés médicinales que le monde arabe attribue au miel de Zizyphus sont nombreuses :
- il nettoie et cicatrise les blessures,
- il soulage les brûlures et régénère les cellules,
- il soigne le foie,
- il est autorisé pour les diabétiques, …
Mais, de toutes ces propriétés, il en existe une qui supplante toutes les autres, qui lui donne toute sa valeur commerciale et que l’on ne divulgue qu’aux initiés : le miel de Zizyphus spina christi est recherché pour ses effets aphrodisiaques ! Et l’on comprend mieux, dans ces conditions, pourquoi les hommes ne regardent pas le prix.
Merci à Monsieur Al Arasha, directeur de la compagnie aérienne Yemenia, de nous avoir aidé dans nos déplacements. Merci à l’agence ACACIA-TOURS pour nous avoir facilité beaucoup de démarches. Merci, enfin, à Monsieur Bernard Pasquier, botaniste, directeur du Conservatoire National des Plantes Médicinales, d’avoir partagé avec nous ce voyage en nous faisant profiter de son savoir.
T. Sergent, apiculteur professionnel à Milly la Forêt dans l’Essonne. (Textes et photos)