SNA
Avec l'aimable autorisation de la revue du SNA - Abonnez-vous à l'Abeille de France

apprendre 5Apprendre avec les abeilles au CP, pourquoi pas ? (2004)
Corinne Gense et Marie-Claude Genet

Petites silhouettes blanches enfumées au fond du pré
Ce sont les élèves de Marie-Claude qui rendent visite aux abeilles.

Marie-Claude Genet, enseignante en classe de CP à l’école élémentaire Sainte Barbe à Wittenheim a travaillé en 2002/2003 sur le thème des abeilles en association avec une animatrice du CINE de Lutterbach, elle témoigne. Les abeilles, un univers passionnant, une thématique pluridisciplinaire. « J’avais envie d’aborder avec mes élèves le thème des insectes et mes lecture concernant les abeilles m’avaient beaucoup impressionnée ! Qu’une petite bête comme ça puisse faire tout cela, c’est miraculeux. Je voulais que les enfants n’aient plus peur quand ça bourdonne autour d’eux, qu’ils comprennent leur utilité pour l’homme et la nature, les respectent et les protègent.

Sans pollinisation, il n’y a plus de vie !
J’ai contacté l’Ariena pour solliciter l’appui d’un animateur expérimenté en apiculture. Le programme « Protéger l’Environnement J’adhère » m’a permis de travailler avec Corinne Gense, animatrice du CINE « Le Moulin » à Lutterbach. Grâce à ses interventions, nous avons découvert ce qu’est une abeille, sa morphologie, son mode de vie et ses différentes activités dans la ruche.

Première sortie : le rucher du Moulin ! Equipés de vareuses, les enfants devenus apprentis apiculteurs ont pu sentir l’odeur de la ruche, du miel, mais aussi celle de la fumée de l’enfumoir, entendre le bourdonnement des abeilles, apprivoiser leur appréhension, satisfaire leur curiosité, plus forte. Le projet était lancé.

J’ai commencé par acheter une ruche vide que j’ai installée en classe pour que les enfants puissent la toucher, voir les cadres et avoir envie de fabriquer une « méga-ruche ». Cette construction serait le moyen de faire une transposition ludique, vue par les enfants, des connaissances apportées par Corinne sur les abeilles. Cette maquette pourrait servir à sensibiliser d’autres classes. Son élaboration permettrait aussi de faire de la lecture, de l’écriture, du travail à l’ordinateur, de l’expression écrite, des exercices de calcul, de mesure, des arts plastiques …

Et si nous construisions une « méga-ruche » ?
Il a fallu bien préparer les séquences, imaginer comment les enfants allaient concevoir et fabriquer les éléments de la ruche par eux-mêmes, trouver la taille adéquate des alvéoles pour qu’on puisse y mettre les abeilles …

Les enfants ont observé les alvéoles, compté les côtés, fait des essais dans du papier fin, puis dans du carton pour obtenir le bon gabarit. On a fait appel aux services d’un ami aveugle pour scier les bandes de carton définitives. Il a répondu aux questions des enfants par une lettre en écriture braille que je leur ai traduite.

Les étapes de la construction se sont échelonnées au fur et à mesure des interventions de Corinne à l’école.

Après la découverte de la transformation de l’œuf à l’abeille, on a fabriqué un cadre géant représentant les étapes du développement : œuf, larve et nymphes, à différents stades.

Corinne nous avait fait découvrir les caractéristiques des insectes, les trois sortes d’abeilles et toutes les particularités anatomiques de l’abeille ouvrière. Nous pouvions nous lancer dans la réalisation des abeilles de notre ruche : papier journal encollé et laine, plastique d’emballage et fil de fer pour les ailes.

En hiver, nous avons découvert au cours d’un « mime-devinette » que l’ouvrière nouvellement éclose occupait plusieurs fonctions successives au cours de sa vie dans la ruche.
Au travail. Sur l’autre face de notre cadre géant, nous présenterons les métiers de l’abeille ouvrière !

Il fallait choisir les matériaux en fonction du métier représenté mais aussi en tenant compte de l’endroit où allait être posée l’abeille : les ventileuses posées devant la ruche pouvaient être plus lourdes que les abeilles accrochées sur le cadre.

Au printemps, lorsque nous sommes retournés au rucher avec Corinne, nous avons bien observé les fleurs et les abeilles butineuses. Les enfants ont ensuite réalisé des fleurs en fil de fer, bois et crépon pour poser les butineuses.

Quel bilan après une année de projet ?
Je n’ai pas compté mes heures et il y a des nuits où je me suis demandée comment j’allais m’organiser, mais je ne le regrette pas. Il y avait une autre ambiance dans la classe, avec les enfants et avec les parents. Trois mamans se sont investies dans le projet et m’ont aidée lors des ateliers de construction. Il y a des moments où je ne pouvais pas être seule.

Toute l’équipe a transmis son enthousiasme aux enfants. Ils étaient partants, avaient envie d’en savoir plus, racontaient beaucoup aux parents à la maison. Il y a eu rapidement des progrès en lecture, du vocabulaire a pu être introduit, les mots étaient répétés souvent et en expression écrite, les textes devenaient plus structurés….

On a aussi travaillé les sens (le goût, l’odorat…), l’expression corporelle, l’orientation, la citoyenneté par le respect de la vie. Ce projet a apporté tellement de choses, c’était interdisciplinaire.

Les parents aussi ont beaucoup appris. Ils n’imaginaient pas toute cette complexité d’organisation animale.

C’est beaucoup de travail, mais c’est enrichissant et on y prend tellement de plaisir. J’encourage mes collègues à tenter l’expérience. »

Contacts
Marie-Claude Genet (enseignante à l’école élémentaire Sainte Barbe), tél. 03.89.62.07.91.
Corinne Gense (animatrice au CINE du Moulin), tél. 03.89.50.69.50.