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Les moyens de lutte contre Aethina tumida (2004)
M. Hood, G. Ratia, B. Manonviller et G. Maynard

aethina tumida 1

La peur de découvrir le petit coléoptère de la ruche parmi ses abeilles, conduit beaucoup d'apiculteurs à s'affoler dès qu'ils aperçoivent un coléoptère ressemblant de près ou de loin à Aethina tumida.

C'est ainsi qu'un dimanche matin d'avril, un de mes amis apiculteur, tout affolé m'interpella et me montra quatre insectes brunâtres dans un verre. "Viens vite et regarde ces bestioles, j'ai comparé avec les images sur Internet, regarde, cela correspond tout à fait. Je n'y comprends rien, je n'ai pourtant jamais acheté ni essaim ni reine" Le nom de ces bestioles n'avait pas été prononcé, mais de suite nous savions tous deux qu'il était question d'Aethina tumida, le petit coléoptère de la ruche. En visitant son rucher nous avons constaté un comportement identique à celui décrit dans la littérature ; le coléoptère fuit la lumière et se cache dans les fissures. Par contre, aucun rassemblement de parasites en quelque endroit de la ruche, pas plus que la présence de larves sur les cadres ou sur le lange sous le plateau grillagé. En inspectant la végétation dans les alentours du rucher nous avons constaté la présence d'un certain nombre de coléoptères identiques sur des pissenlits et jusque sur les colzas du champ voisin. Un examen plus approfondi dans le calme retrouvé permit de l'identifier : il s'agissait du Méligethe, parasite du colza.

Tous les coléoptères ne sont pas des Aethina tumida, mais naturellement en cas de doute mieux vaut envoyer une centaine de coléoptères inconnus au laboratoire d'entomologie que de laisser se développer Aethina.

Aethina tumida au Congres de Mende
Compte rendu de la Conférence du Pr. Wm.Michael HOOD, Clemson University,
Department of entomologie (USA)

Les Moyens de Lutte Contre ce coléoptere - Traduction Gilles Ratia - Notes prises par B. Manonviller et G. Maynard

La dispersion de ce parasite se fait par l'apiculteur, la transhumance et les paquets d'abeilles mais aussi par la cire et le pollen. Cet insecte a été découvert en 2002 à Sydney (Australie) et au Canada suite aux importations de cire.

Dans le monde, trois régions principales sont touchées : l'Afrique, le Nord de l'Amérique et l'Australie.

Insecte très mobile qui grimpe et s'envole, un peu plus petit qu'une coccinelle, fuyant la lumière et qui semble insensible au froid.

Les œufs font un 1,5 mm, ils sont pondus par l'adulte de préférence à la périphérie des cadres.

Ce coléoptère se multiplie d'autant plus vite si la population d'abeilles est insuffisante. Son lieu de ponte se situe dans les pollens, dans les cires et même sur les nymphes, se servant alors des déchirures sur les côtés des cellules.

En Afrique, les abeilles arrivent à enlever en majeure partie les larves, ce qui explique un non-fléau. Ce comportement est moindre en Europe, (d'où l'utilité de se pencher sur les critères de sélection).

La femelle pond environ deux mille œufs pendant six mois. Le stade de l'œuf est de trois jours avant l'apparition des larves. Les larves, comme le coléoptère, se nourrissent de pollen et souillent le miel ; au bout de treize jours elles sortent de la ruche pour s'enterrer dans le sol et y restent trois jours au stade de nymphe. Apparaît ensuite l'insecte qui au bout de 8 jours pourra se reproduire. Ont peut compter plus de cinq générations au cours de l'année.
C'est à ce stade «nymphal» que l'apiculteur peut intervenir pour détruire le coléoptère par des moyens physiques ou chimiques.

Comment déceler une infestation ?

  • Les larves sont attirées par les protéines, pollen, cire, elles souillent le miel, il fermente et devient inutilisable pour l'homme et l'abeille. Si la colonie est faible il y a aussi contamination du couvain et la colonie est proche de la fin ; le cas est identique à la fausse-teigne, les cires sont détruites. Si le cadre n'est pas trop souillé, on peut le laver avec de l'eau et le réintroduire.
  • On peut aussi apercevoir sur le dessus des cadres un phénomène de miel fermenté en ouvrant la ruche.
  • A l'entrée de la ruche, des résidus de miel et de pollens souillés sur la planche de vol et sur le sol.

aethina tumida 4

Ce phénomène est, pour les américains, moins problématique que la varroase, mais ce parasite peut amener la destruction du matériel et de la colonie. Les coléoptères hivernent aussi dans la hausse et restent au sein de la grappe quand les apiculteurs déplacent les colonies.

Les abeilles semblent maîtriser l'action de l'insecte, elles essayent de « l'emprisonner » c'est la première défense de l'abeille qui le «bloque», évite et freine sa reproduction. On constate beaucoup plus de dégâts quand les apiculteurs travaillent sur les colonies; par les manipulations et la fumée, les abeilles se dispersent et la bestiole en profite pour se reproduire.

Le coléoptère sollicite aussi l'abeille pour se faire nourrir ; avec les jeunes nourrices il y a une réponse toutes les douze sollicitations.

Actuellement très peu de recherches sont faites aux Etats Unis pour contrôler le parasite, malgré de gros dégâts en colonies et en équipement. Seulement quelques recherches en chimie, mais il me semble que les méthodes Bio ou mécaniques seraient privilégiées.

Tout d'abord, des colonies fortes pour éviter la ponte du parasite au centre du couvain (similaire à la fausse-teigne), malgré ceci des cas de ponte au centre du couvain peuvent aussi avoir lieu.

  • Avoir toujours de jeunes reines fortes et vigoureuses.
  • Eviter le trop grand nombre de manipulations.
  • Pratiques physiques utilisées par les apiculteurs
  • Un aspirateur pour en réduire le nombre, mais inconcevable chez les professionnels.
  • Ecraser les petits coléoptères, impossible chez l'apiculteur possédant déjà un nombre moyen de ruches.
  • Des pièges pour les attirer en dehors de la colonie avec des seaux contenant un mélange de miel de pollen et de larves. Méthode peu efficace, comptétition les autres ruches servant aussi d'attrait.
  • La méthode la plus efficace est de les piéger à l'intérieur de la colonie pendant la période vulnérable de huit jours avant que l'adulte ne puisse se reproduire avec de petites boîtes, munies de fentes ne laissant que le passage de Aethina tumida, remplies de bière ou de vinaigre de cidre.

Ce n'est pas une surprise, le coléoptère est attiré par les plantes et tout ce qui est fermenté. Mais seulement 20 % seraient piégés, il faut donc améliorer ces pièges. L'huile minérale peut également être utilisée, mais n'étant pas attractive, il faudrait que l'insecte s'immerge dans la solution.

La meilleure période pour traquer le coléoptère semble celle de l'hiver.

Une autre expérience serait l'entrée haute des abeilles dans la ruche, mais attention à la baisse du couvain.

Les fourmis sont friandes des larves, tout donnerait lieu de penser à une lutte biologique, c'est quelque chose qui peut aider mais ce n'est pas suffisant !

Pour limiter la propagation, il faut également traiter les opercules deux à trois jours après la récolte pour détruire les œufs.

Moyens chimiques utilisés en cas de forte infestation
Des lanières avec 10 % de Coumaphos placées dans l'obscurité, sous un carton ou une toile au fond de la ruche, les coléoptères viennent s'y réfugier et reçoivent ainsi leur dose létale.

Une solution à 40 % de Permétrine répandue sur le sol pour briser le cycle de reproduction des larves, mais sachant que celles-ci peuvent faire cinq cents mètres pour s'enterrer et achever leur cycle, cette méthode n'est pas totalement efficace.

Conclusion
Si votre pays pouvait être préservé, ce serait très bien, mais il semble que Aethina tumida soit déjà découvert au Portugal, s'approchant de la France.