Robinier ou acacia : une histoire de miel (1999)
Laetitia Mathieu
(AFSSA Sophia Antipolis – FNOSAD)

Robinia pseudo-acacia : robinier faux acacia ou acacia blanc
Ordre des Rosales
Famille des Leguminosaceae (légumineuses)
Sous-famille des Papilionaceae
Tribu des Astragaleae

Description
Originaire d’Amérique du Nord (Monts Appalaches), son nom est dédié au botaniste Jean robin, jardinier des rois Henri IV et Louis XIII, qui en planta une graine Place Dauphine à paris en 1601. L’arbre fut transplanté trente-cinq ans plus tard au Jardin des Plantes à paris où on peut encore l’observer aujourd’hui. Devenu sauvage, il est aujourd’hui très répandu en Europe sauf au Nord, car il redoute le froid, l’humidité et les vents qui brisent ses branches. On le retrouve cultivé, subspontané ou naturalisé dans la plupart des régions tempérées du globe, au-dessous de 700 mètres d’altitude et sur sol riche et profond.

L’arbre peut atteindre 30 mètres de haut et est appelé à tort Acacia (les acacias véritables sont des Mimosacées). La cime s’arrondit et les branches sont étalées. Le tronc est épais et se ramifie assez bas avec une écorce brun roux profondément crevassée. Ses feuilles sont grandes imparipennées, composées de 9 à 25 folioles, molles et ovales.

La caractéristique de cette espèce réside dans la transformation des stipules des rameaux non florifères en deux fortes épines au sein desquelles se trouve le bourgeon. Ses épines acérées, aplaties persistent pendant plusieurs années, même quand le reste de la feuille est tombé. La fleur possède une corolle papilionacée avec une carène aiguë au sommet et un calice à trois dents disposé en deux lèvres à son sommet. Neuf des dix étamines sont soudées entre elles par leur filet, la dixième restant libre. Ses belles fleurs blanches, disposées en grappes pendantes, s’épanouissent de mai à juin. Leur odeur fine rappelle celle de la fleur d'oranger. Très parfumées et riches en nectar, elles sont très appréciées par les abeilles. Ses fruits (7-8 cm de long et 1,1 à 1,3 cm de large) sont des gousses brunes, pendantes, glabres, contenant 10 à 12 graines dures. Mûrs en septembre, ils ne s’ouvrent qu’à la fin de l’hiver.

Les racines sont vigoureuses, traçantes, drageonnantes, munies de nodosités. Les rejets sont situés parfois très loin de l’arbre qui leur a donné naissance et les nouveaux plants deviennent parfois nombreux, de sorte que l’arbre devient très vite envahissant.

Propriétés
Cultivé comme arbre ornemental, il existe de nombreuses variétés horticoles. Cultivé comme arbre forestier, il est précieux pour fixer les talus et les remblais ou les sables mouvants. Le bois lourd, dur et résistant à la pourriture est très employé pour le palissage des vignes et des vergers, mais aussi en charronnage, parqueterie, marine, tonnellerie et pour la confection de meubles et de petits objets divers par les tourneurs.

C’est un excellent combustible, mais il a l’inconvénient de projeter, en brûlant, de nombreuses étincelles. Les feuilles fournissent un bon fourrage, la sève a une saveur sucrée rappelant celle de la réglisse. La partie végétative contient de l’acacétine (matière colorante), de l’indicane, du phosphate de calcium, de la carotine, du tanin, des gommes… Les racines sont toxiques car elles contiennent une substance vénéneuse. Leur écorce est émétique et purgative. Les feuilles sont antispasmodiques. Les fleurs contiennent de l’invertine, de l’asparagine, et de la robinine (glucoside spécial) et les fruits renferment une huile grasse. Les grappes des fleurs sont préparées en beignets et en sirops ; elles servent aussi à la confection d’une eau de toilette agréable ainsi que d’une boisson tonique par macération de 15 à 20 grammes de fleurs dans un litre de vin rouge.

Robinier et apiculture
Beutler et Schontag (1944) indiquent qu’une fleur de robinier peut sécréter quotidiennement 2 mg d’un nectar très riche en sucres (50 %). Son importante et excellente sécrétion nectarifère en fait une des principales ressources printanières pour les colonies d’abeilles. La transhumance apicole autour des acaciaraies en est la meilleure preuve. Cependant, selon B. Keresztesi (1976), le robinier commun est mal exploité par les abeilles qui ne récoltent que le dixième du nectar sécrété du fait de la brièveté de la floraison et parce que l’époque de la miellée ne correspond pas au développement optimal des colonies d’abeilles (chaque jour gagné sur la durée de la floraison voit les probabilités de récolte augmentées de 7,5 %).

Le miel d’acacia
Il a pour origine le nectar butiné sur les robiniers et est commercialisé sous l’appellation impropre mais admise par tous de Miel d’Acacia. Il peut être produit sur l’ensemble du territoire français, mais les forêts d’acacia sont très disséminées en France, les principales régions de production étant le nord de la vallée du Rhône, la Gironde, le Centre et l’Est du pays. Il est récolté en mai-juin.

En raison des conditions climatiques souvent défavorables pendant la floraison et de la réduction des surfaces boisées en robiniers, la production nationale ne satisfait pas la demande en miel d’acacia. Une partie est importée des pays danubiens (Hongrie, Roumanie) et de Chine.

Caractères organoleptiques
C'est un miel clair, blanc à jaune léger, toujours liquide quand il est pur. Son odeur est faible, florale, parfois nuancée de connotations animales, plus ou moins élégante au nez, car il dégage quelquefois une odeur de cire, de ruche, d’enfumoir.

Au niveau gustatif, l’arôme est léger, délicat, à forte sucrosité, sans amertume ni acidité. Peu persistant en bouche, il rappelle celui de la fleur de robinier.

Riche en fructose, il a une cristallisation très lente et peut rester à 1’état liquide durant des années. Sa qualité essentielle, outre son exceptionnelle stabilité, est sa finesse et sa faible intensité d’arômes.

En France, les récoltes de miel d’acacia très pur sont assez rares : elles dépendent des conditions climatiques, de l’importance des floraisons adventices (arbres fruitiers, aubépines…) dans l’aire de butinage, et de l’apiculteur qui doit prendre en compte la période de floraison des robiniers et qui doit parfois trier ses récoltes avant l’extraction.

Les miels moins purs avec mélanges spontanés ont une couleur plus dorée et des caractéristiques de flaveurs plus intenses et fruitées. Leur acidité sera plus marquée et ils cristalliseront plus vite.

Caractères physico-chimiques
Dans le cadre de l’aide à l’apiculture, l’Europe finance l’établissement des normes physico-chimiques en ce qui concerne certains miels unifloraux. La publication de ces normes est en cours conjointement avec la DGCCRF (Direction Départementale de la Consommation, de la Concurrence et de la Répression des Fraudes).

Bibliographie

  • OPIDA, Flore mellifère : le robinier pseudacacia, 1978, BTA, 5 : (4), p. 33.
  • Bonnier (G.), Flore complète de France, Suisse et Belgique, Librairie Générale de l’Enseignement, Paris, 1934.
  • Gonnet (M.), Vache (G.), Le Goût du Miel, U.N.A.F., 1985.
  • Robinier, dans Secrets et vertus des plantes médicinales, Sélection du Reader Digest, 1977, p. 256.
  • Moore, Webb, Collinson, Pollen analysis. Second Édition, Blackwell Science, 1991, 216 p.