Coordination des apiculteurs de France (1998)
Manifestation de Paris
Communiqué de Presse du 16/12/98
Ministère de l'Agriculture et de la Pêche - France
La Commission chargée d'évaluer l'impact des produits phytosanitaires (Commission des toxiques) a étudié le dossier du gaucho (imidacloprid). Suite à ces travaux, elle a émis l'avis suivant :Compte tenu des études récentes fournies sur l'impact que l'imidacloprid utilisée en traitement de semences de tournesol peut avoir sur l'activités des abeilles, la Commission des toxiques lors de sa réunion du 16 décembre 1998 estime que :
- les données examinées ne permettent pas de conclure à un effet indiscutable de l'imidacloprid ou de ses métabolites sur les abeilles et la production de miel
- inversement, il n'est pas possible d'exclure totalement l'effet de l'imidacloprid et de ses métabolites, compte tenu de l'effet toxique à faibles doses, doses en rapport avec des concentrations potentiellement présentes dans les plantes à l'époque du butinage
- que des études complémentaires doivent être menées pour éclaircir les points suivants :
a) métabolisme du produit dans les parties de la plante accessibles à l'abeille
b) limite de toxicité du produit et de ses métabolites pour les abeilles et quantités présentes dans ces dernières
c) persistance de l'imidacloprid dans les sols et présence dans les cultures non traitées, ceci impliquant l'utilisation de techniques analytiques parfaitement codifiées et validées
Champ de Mars - Au pied de la Tour Eiffel - 17/12/98
Plus de 1 000 apiculteurs unis et motivés de toutes les régions de France
M. Chauvancy
FDSEA Deux-Sèvres
M. Vermandere
Syndicat des Producteurs de Miel de France
M. Clement
Union Nationale d'Apiculture Française
M. Vedrenne
Syndicat National d'Apiculture
et aussi
M. Aletru
FDSEA Vendée
En conséquence, la Commission des toxiques a ainsi conclu :
"Les risques encourus ne paraissent pas suffisants pour interdire l'utilisation de l'imidacloprid. Dans l'attente des études complémentaires demandées, doivent être reconduites les zones d'interdiction provisoire d'emploi instaurées en 1998. Un suivi des populations d'abeilles, de leur production et de la faune auxiliaire sera assuré pendant la période durant laquelle les études complémentaires seront menées.
Les résultats des études complémentaires demandées devront être fournis dans un délai maximal de deux ans."
Avant toute décision concernant la suite à donner à cet avis, le Ministère de l'Agriculture et de la Pêche consultera les parties concernées par le dossier.
L'intoxication de nos abeilles sur la miellée de tournesol ou la dépopulation massive des ruches en début de la miellée résultant en récoltes moindres
1) Le phénomène d'intoxication est constaté depuis 1994 dans le Centre, depuis 1995-1996 dans le Centre-Ouest. Il est concomitant avec l'introduction et le développement du GAUCHO (enrobage industriel de la semence avec l'imidaclopride, produit par Bayer).
L'imidaclopride est un insecticide, classé très toxique pour les abeilles.
L'imidaclopride est très rémanent et parfaitement systémique (le toxique migre d'un organe à l'autre de la plante traitée, une fois pénétré dans la plante).
2) Les observations sur le terrain et les analyses permettent aux apiculteurs d'avancer dès fin 1997, que GAUCHO est suspect n'1 et a priori le seul suspect valide.
Une expertise (déc. 97) démontre qu'il est impossible de trancher sur le problème posé.
3) Par conséquent, un programme d'études sur les effets non-intentionnels de l'imidaclopride sur l'abeille est décidé pour 1998.
Pour un coût total de 6800 kF, il s'est articulé autour de 3 axes : les études de laboratoires / les analyses de résidus de l'imidaclopride et de ses métabolites / sur le terrain.
4) Les conclusions de ce programme d'études :
- Les expérimentations en labo démontrent les effets négatifs du toxique sur certaines fonctions vitales de l'abeille ou de la colonie, à des concentrations, dites subléthales. Souvent ces concentrations ne sont pas quantifiables par l'analyse des résidus (moins de 1 ppb. = part par milliard).
- Les analyses quantifient le toxique dans les végétaux de tournesol traités GAUCHO à des concentrations jusqu'à 20 fois la concentration subléthale minimale connue (moins de 1 ppb). Dans les végétaux non-traités de l'année, le toxique est très régulièrement détecté !!! Pour un semi non-traité, ce constat ne s'explique que parce que le toxique était déjà présent dans le sol à cause des reliquats de semis antérieurs, traités GAUCHO. Ainsi s'exprime la rémanence excessive et non maîtrisée du toxique.
- Les expérimentations sur le terrain sont vaines : la rémanence incontrôlable fait que le toxique resurgit, là où il n'était pas supposé être !!! Les sites témoins des essais comparatifs de terrain étant contaminés, il est normal que, entre sites témoins et sites traités, aucune différence n'apparaît, on peut dire, que les mêmes causes ont produit les mêmes effets.
Les apiculteurs supportent difficilement des pertes de récolte d'été de l'ordre de 40 à 70 %. Avec la disparition à moyen terme de nombreuses exploitations, apparaîtront très vite des déficiences en matière de pollinisation des grandes cultures et de vergers.
Dans les régions de grandes cultures où 25 % des surfaces agricoles sont semées GAUCHO chaque année et où la rémanence aidant, le toxique peut contaminer bonne part des autres terres, l'abeille n'aura désormais guère la possibilité d'éviter le contact avec l'imidaclopride.
Si l'imidaclopride était jugée à travers les dispositions de la Directive Européenne 91/414, l'imidaclopride ne serait pas autorisée à la vente (la demie vie est très supérieure à 90 jours / le profil exposition - toxicité vis à vis de l'abeille est très défavorable).
Le 08 décembre 1998
La Coordination des Apiculteurs de France
Communiqué de presse - La FNSEA soutient la manifestation des apiculteurs
Une declaration de Luc Guyau, president de la FNSEA
La FNSEA apporte son soutien aux apiculteurs qui manifesteront jeudi prochain à Paris. Cette manifestation a pour but de sensibiliser l'opinion publique à la situation des apiculteurs confrontés à une forte chute de leur revenu due à une mortalité de leurs abeilles.
La commission des toxiques qui a été chargée de conduire l'étude sur la toxicité de l'insecticide "gaucho" sur les abeilles doit de son coté rendre ses conclusions le 16 décembre prochain.
Sans préjuger de l'avis de cette commission, je demande au Ministre de l'Agriculture qu'il suspende l'utilisation de cet insecticide si le moindre doute subsistait quant à sa toxicité.
Les apiculteurs sont des agriculteurs à part entière qui jouent un rôle important dans l'occupation et l'animation du territoire. Les pouvoirs publics doivent tout mettre en œuvre pour sauver cette activité et préserver l'image d'un produit très prisé par le consommateur.