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Abeilles australiennes
G. Michalet
Après une mortalité assez importante au printemps 1999 se posait le problème de la reconstitution du cheptel. Si la capture ou l’achat d’essaims permettait de faire face dans un premier temps, il fallait bien convenir qu’il s’agissait souvent d’abeilles sans race aux caractéristiques bien particulières : essaimeuses agressives et déjà très infestées par varroa.
Une annonce parue dans l’Abeille de France de janvier 2000 a retenu notre attention. En effet, il était proposé des essaims nus en provenance d’Australie indemnes de varroa et convenant parfaitement pour un renouvellement de cheptel. Un entretien téléphonique avec l’annonceur, M. P. nous apporta des précisions complémentaires : reines caucasiennes (croisement entre caucasiennes et mâles italiens) importées directement d’Australie sous forme de paquets d’abeilles d’environ 900 g accompagnées d’une jeune reine de l’année fécondée et capturée dans son nucléi de fécondation le jour du conditionnement de l’essaim.
Un arrivage par avion sur Paris début avril convenait parfaitement compte tenu du climat du Territoire de Belfort. La livraison de 5 caissettes fut réalisée le 1er avril sur un parking de l’A6 pour nous éviter le déplacement jusqu'à Bourg-les-Valence. Le voyage s’effectue en caissettes grillagées contenant 2 paquets d’abeilles avec 2 reines encagées séparément.
A la réception, nous constatons des abeilles calmes et une mortalité peu importante dans le fond des emballages donc de bonnes conditions de transport. A notre retour, les caissettes ont été placées au froid et au sombre jusqu’au lendemain soir après avoir pris soin de fournir un complément de nourriture et une légère pulvérisation d‘eau. Enruchement le lendemain soir à la tombée du jour. Le nourrisseur est enlevé de la caissette et les 2 cages à reine sont retirées délicatement avant partage des abeilles dans 2 ruchettes 5 cadres. Les reines sont lâchées dès que les abeilles remontent sur les cadres. Un nourrisseur de sirop est immédiatement mis en place.
Le début d’avril est froid et pluvieux et les ruchettes reçoivent chaque jour une ration de sirop à 50 %. Dommage, nous aurions du prévoir du pollen frais ! Dès que la pluie s’arrête, même par temps couvert, les abeilles sortent et rentrent chargées de pollen. Après 10 jours, la curiosité aidant, les ruchettes sont visitées rapidement malgré le temps défavorable : les reines pondent et les cadres de cire gaufrée commencent à être étirés. A la fin mai, les ruchettes sont transvasées dans des 10 cadres pour permettre un bon développement des colonies. Première constatation : le couvain est abondant et bien groupé , les abeilles tiennent le cadre et sont peu agressives. Autre constat : l’activité commence tôt le matin et se termine tard le soir donc un butinage plus important en temps que pour les autres ruches.
Par contre, elles ont perdu leur belle couleur jaune cuivre au profit de simples rayures de même couleur ce qui est normal, l’essaim initial étant constitué d’abeilles italiennes jaunes. Au début août, la situation est la suivante : peu de récolte de miel de fleurs pour celles restées en plaine sauf pour une colonie placée en centre ville; néant pour celles en transhumance sur sapin et nous regrettons beaucoup de n’avoir pu les tester sur miellat; les ruches sont fortes avec un couvain important; un traitement anti-varroas montre une infestation moindre que sur les autres colonies. Mais cela peut s’expliquer par l’absence totale du parasite au 1er avril; les autres colonies sont sans provision. Cela fait longtemps que nous n’avions pas vu une aussi mauvaise année. (récolte sur colza puis plus rien). En octobre le couvain est encore important dans ces ruches et peut poser problème en cas de gelée précoce et durable comme cela arrive souvent chez nous. En définitive, pour pouvoir émettre une opinion motivée, il nous faudra attendre encore un hiver et une saison apicole plus favorable que celle écoulée mais je dois reconnaître que j’ai un faible pour ces abeilles "kangourou".
G. Michalet